Un voyage de sept jours dans une île grecque paradisiaque, ça vaut bien un petit article ! Plutôt que de vous décrire mes activités journalières à la mode « Martine en Grèce » ou de chanter les louanges du sable fin et de l’eau bleue, j’ai choisi de vous apprendre Zakynthos en 10 leçons. 4, 3, 2, 1, pastèque !
1. De l’île de Zakynthos
Le premier choc est à l’atterrissage : jusqu’au dernier moment, on n’est pas sûr de se poser sur le plancher des vaches…où devrais-je dire, le plancher des brebis ! On remarque rapidement l’azure de l’eau et dès la sortie de l’avion, on comprend pourquoi on n’a mis dans sa valise que des t-shirt et des shorts. C’est joli, c’est mignon, c’est dépaysant. Bref, ça a le goût des vacances et ça, c’est bien.
2. De la langue grecque
Au début, on pense que c’est de l’espagnol. Puis, on comprend vite que les borborygmes linguistiques ne sont autres que la version moderne du grec. Bénis soient ceux qui, dans leur prime jeunesse jésuite, ont eut la bonne idée de choisir l’option grecque : la lecture des panneaux, indications et autres informations n’en sera que plus facile. Moi, j’ai eu l’impression de voir partout la police de caractère « symbol » de Windows ! Après quelques jours, on assimile « Calimera », « Calispera », « Efahisto » et « Parakalo » : dans l’ordre, bonjour, bonsoir, merci, de rien. De quoi vivre 7 jours d’impeccable politesse.
3. De l’hôtel
Les hôtels ont tous des noms de rêves éveillés : Alexandra Beach, Iberostar Resort, Paradise Beach…nous, on a fait sobre : Tsamis Zante hôtel. Après un trajet périlleux en autocar (pas en bus hein, en AU-TO-CAR !), le petit bâtiment s’impose au milieu des oliviers. Accueil sourire, piscine et vue sur mer. Déjà, les odeurs de cuisine nous chatouillent les narines. Transat’ à gogo et cocktails en perspective… Mais chose étrange…on nous accueille en allemand !
4. Des allemands
Zakytnhos, si elle n’avait été grecque, aurait à coup sûr été allemande ! Si le dépaysement par le lieu était total, celui de la langue le fut un peu moins. Achtung ! Ils z’ont les moyens de fous faire parler ! Ils sont là, là et là aussi. Ils sont partout. Un allemand, ça parle fort, c’est gros et très laid mais aussi attendrissant car il n’en peut rien. Un allemand est chez lui partout où il pose ses valises. Si le buffet ouvre à 12h30, l’allemand est là à 12h29 ! L’allemand ne parle que l’allemand et, selon les rumeurs, il pisse aux quatre coins de l’hôtel à son arrivée, histoire de s’approprier le territoire. Nous avons décidé de rester dissidents et n’avons entonné que de bref « Angeführt ! 4 ! Encore ? » que les fans de Murielle Robin sauront reconnaitre.
5. Du bracelet jaune
A l’arrivée à l’hôtel, on vous explique les choses primordiales : où se trouve le buffet, à quelle heure on mange, où se trouve la piscine, le numéro de votre chambre et les jours où l’on sert de la choucroute (cfr. Point 4 !). On vous donne alors votre clé, la télécommande de la télé, celle de l’air co et…un bracelet jaune ! A l’instar de la cordelette orange (voir article du 11 mai), le petit bout de plastique attaché à votre poignet vous donne droit au sacrosaint et formidable « All in ». Le All In, c’est un concept génial. Ca veut dire que dans le prix, tout est compris sauf ce qui n’est pas compris. Vous avez de la sorte accès à une liste restreinte de choses que vous pouvez avoir à volonté. Avec le bracelet, vous pouvez boire de la bière dans des petits verres, manger de la fêta et des tomates, avoir du jus d’orange le matin et même boire un Daïquiri. Par contre, cela ne vous donne pas droit au cappuccino (mais bien au café frappé crème), au Martini, aux hot-dogs ou au jacuzzi. Note importante : une fois bouclé, le bracelet jaune ne s’enlève pas ! JAMAIS ! SOUS AUCUN PRETEXTE ! D’ailleurs, le seul moyen de l’enlever, c’est de le couper avec les dents. Vous comprendrez mieux pourquoi, sur les photos de vacances, tous les gens ont l’air de revenir de Werchter ou du Festival de Dour avec leurs petits bracelets colorés au poignet.
6. Des routes…
Quand on loue une Kia Picanto bleue à Zakynthos, on ne sait pas qu’il s’agit du début d’une épopée rallye. La carte fournie semble très aérée et pour cause, les auteurs préfèrent ne pas décourager l’intrépide conducteur. En même temps, conduire sur l’île est plutôt facile. La priorité de droite n’existe pas plus que celle de gauche. Se garer ? Pff ! Facile ! On s’arrête comme on veut, quand on veut, où on veut. La seule règle est d’enclencher les feux de détresse qu’on appelle là-bas les balises du tout-permis puisque, une fois allumées, tout est permis ! Les « grands axes » sont des routes de campagnes et les « routes secondaires » sont des sentiers ruraux. Les pentes à 10% se succèdent et la Picanto a parfois bien du mal à gravir les collines. Pas de panneau pour vous rappeler les limitations de vitesse puisque, d’évidence, l’état des routes ne permet à personne les excès. Ceci dit, le trajet aux airs de safari kenyan vous offre des vues imprenables de l’île sauvage et vous concède ainsi des souvenirs uniques entre l’angoisse des ravins et la crainte de la panne au milieu de nulle part.
7. Des villes de l’île
Le grec, c’est compliqué. Les noms de leurs villes, encore plus. Dès lors, on est contraint de trouver des moyens mnémotechniques pour se comprendre plus facilement. « Tsilivi » devient « Guili-Guili » ; « Gerakari » devient « Gare-au-gorille » et « Porto Vromi » devient « Porto Vômi » (mais ça, c’est seulement parce que c’est drôle !). Une ville à Zakynthos, c’est en fait une grande et longue rue bordée de restaurants, d’hôtels, de « super market » qui ressemblent à des superettes, de taxi, de voitures à louer et de shops-arnaque qui vendent des tortues en peluche, des essuies de plage et des portefeuilles. Et même que la nuit, c’est beau, ça brille et ça grouille de gens en tongs et en casquette qui sourient béatement devant les enseignes lumineuses multicolores.
8. De l’honnêteté grecque
Je ne peux m’empêcher de parler de l’honnêteté de nos amis helléniques. Pour mieux illustrer cette réalité, je me contenterai de cette adorable histoire. Une fois mes lunettes de soleils écrasées au sol une dizaine de fois, les verres explosés et la monture pliée, il me fallait une nouvelle paire de binocle. Direction shop-arnaque de Guili-Guili ! Là, on trouve des dizaines et des dizaines de lunettes de toutes formes, couleurs et marques. J’essaye les montures jusqu’à trouver celles qui me rendent le moins ridicule et me dirige vers le comptoir pour régler le vendeur. Je dépose les lunettes qui arborent deux crocodiles et la marque « LACOSTE » près de la caisse enregistreuse et sort de mon portefeuille le compte juste : un billet de 5 euros. L’homme au sourire attendrissant glisse les lunettes dans un petit étui et prend la peine de me préciser : « Ce ne sont pas des vraies, vous savez ! ». Han ! Surprise ! Tant pis, je les ai achetées quand même, les fausses Lacoste…
9. De la croisière obligatoire
Quand on visite Zakynthos, on ne peut décemment par repartir sans avoir participé à une croisière d’une journée pour faire le tour de l’île. Ce jour-là, il faut se lever tôt et parcourir la route jusqu’au port de la grande ville pour embarquer dans le bateau. Celui-là même qu’on vous a décrit comme le summum de la modernité et du confort, le must du best of de tous les bateaux qui proposent exactement le même trajet sur l’île. On vous promet également que vous verrez des dauphins, des tortues, des baleines blanches, des kangourous et si vous avez de la chance, un tyrannosaure! Accompagné par un CD 6 chansons jouées en boucle, vous terminez sur des bancs en bois mal cloués avec pour compagnie la fumée des moteurs dans les narines. Soyons cependant honnêtes, l’excursion est sublime, le vent chaud agréable et les points de vue à couper le souffle. Après une journée de navigation, le retour à la terre ferme est apparemment attendu par beaucoup : les gens (les allemands ?) se ruent en effet vers la sortie, comme s’ils voula ient tous vomir en même temps et s’entassent en se bousculant, histoire d’être le premier dehors. Nous en avons conclu que c’était probablement le jour de la choucroute et qu’ils ne voulaient pas manquer une seule saucisse.
10. Des vacances reposantes
Zakynthos, c’est vraiment se donner l’occasion d’un repos mérité. Le soleil qui vous dore l’épiderme, les légumes frais du buffet, l’air iodé d’une mer que vous ne vous lassez pas d’admirer. Les désagréments n’en sont pas vraiment et le voyage en vaut vraiment la peine. On rit, on se moque mais toujours gentiment (encore que…). On se prélasse, on se délasse, on se relaxe. Et le jour du départ, bien que content de retrouver le sol belgo-belge et notre petit chez nous, on quitte le bout de paradis avec un petit goût amer, une larmouillette à l’œil et l’envie de déjà penser à la prochaine destination qui transformera nos idées noires en marshmallow et nos tristes pensées en barbe à papa.
Quoi qu’il en soit, c’est quand vous voudrez que je retournerai volontiers me faire voir…chez les Grecs !
samedi 30 mai 2009
lundi 11 mai 2009
Chronique d'un valorisateur: Le privilège cordelette
Quand on est valorisateur, on a parfois l’occasion de dépasser les frontières. C’est ainsi que Prague me tendait les bras avec un fabuleux colloque européen. On m’a expliqué que je logerais dans un bel hôtel mais pas trop, que je devrais porter une cravate, parler en anglais et assister à des ateliers très sérieux. En échange, je pourrais découvrir la ville dorée, manger local et boire de la bière même si je n’aime pas ça. Brussels Aireline prévenu de mon business travel, me voilà parti…
Valorisateur, c’est vraiment chouette. Quand on arrive à l’aéroport, il y a monsieur qui attend, une grande pancarte à la main avec votre nom en majuscule. Il vous accueille en disant des choses en tchèque et comme vous êtes poli, vous souriez en disant « ok ! » (car en tchèque, « c’est pas faux » ne marche pas). Vous comprenez plus tard qu’il vous expliquait ne pas accepter les cartes de crédit. Aë ! (En tchèque : Aïski !). Un moment de solitude est néanmoins vite passé. Mais la véritable histoire du valorisateur commence le lendemain matin, au Palais des Congrès !
Le grand hall, c’est comme un aéroport mais en plus chic. Des tas de gens super bien sapés arrivent devant des flics tchèques (qui sont moins raides que les allemands mais quand même plus sérieux que les italiens) qui semblent vouloir leur demander quelque chose. Il faut savoir que cette langue de l’Est, bien que très charmante, fait de drôle de groulis dans les tympans. Au regard du policier, j’ai vu deux possibilités de traduction : « Veuillez déposer vos objets métalliques dans le bac » ou « Vous prendrez bien une salade au chèvre et un verre de Merlot ? ». Apparemment, je ne suis pas très bon en tchèque… mais j’ai néanmoins choisi la bonne solution.
A l’accueil, tout le monde se presse pour l’avoir. Elle est là, au bout de quelques mètres, d’un sourire, d’un échange de mot de passe codé en 3 alphabets, de la présentation d’un passeport, d’un permis de conduire, d’un certificat de bonne vie et mœurs et d’une lettre signée par le roi. Elle est là, la cordelette ! Ce petit objet magique et coloré qu’on vous glisse autour du cou vous transforme instantanément en personne très importante. La mienne était orange fluo, ce qui signifiait que j’avais beaucoup de privilèges mais pas celui de monter sur les estrades ni de boire du champagne entre les repas. Au bout de la cordelette, un badge nominatif dont, il faut bien le dire, tout le monde se fout éperdument.
Cordelette au cou, donc, on voyage dans les allées du Palais. Plein de gens se baladent en souriant, et se serrent la main (voire chronique d’un valorisateur, la technique fricadelle). Bien sûr, Europe oblige, on doit parler anglais. Quand on m’a demandé « where is the waters ? » j’ai pointé les toilettes d’un geste assuré. L’homme (dont j’apprendrai plus tard qu’il s’appelle Michel Popov et vient de Lyon) reprend en me disant : « No, waters glouglou ! ». J’avoue, j’ai ri. Merci Popov. Ceci dit, la plupart des orateurs s’en tirent très bien…ah ! Les orateurs !
Il faut savoir que l’Europe c’est sérieux. Très sérieux même ! On parle de programme cadre, d’innovation sociale, de région de la connaissance et même de crise financière. Moi, je pensais qu’avec des mots comme ça, ils pouvaient se la péter à la hauteur de l’investissement européen. Mais non, pour que ça ait l’air suffisamment grave, il faut que la séance soit ennuyeuse à mourir. Présentation monotone, discours barbants, ton de voix monocorde, immobilité, visage sentencieux. Heureusement que M. Kim-Choo est venu de Singapour pour animer un atelier communication à la manière d’une séance d’arts martiaux, avec cris de ponctuation, amples gestes exemplatifs et éclats de rire flamboyants. Ceci dit, je n’ai pas perdu ma bonne humeur face aux autres endeuillés du colloque dont les cordelettes oranges, bleues et roses fluo parvenaient à entamer quelque peu le sinistre de leurs trois pièces.
La cordelette donne aussi droit à un repas. Bien sûr, un walking dinner avec beaucoup de vin et beaucoup de gens qui vous marchent sur les pieds et vous bousculent pour se précipiter vers le buffet, comme s’ils avaient attendu un bout de brie toute leur vie. Avec la cordelette, on peut aussi avoir du café, des autocollants, des CD-ROM et un tas de brochures qu’on ne lira jamais. Dès lors, heureux de toute cette reconnaissance, on se promène à la découverte de contrées inexplorées, d’accents de l’Est savoureux, de jolies hôtesses en chemisiers blancs qui vous lèguent des sourires et vous offrent des tartelettes au pavot.
Par contre, la cordelette à ses limites ! Elle ne vous donne pas droit au métro gratuit, ne vous donne pas la priorité aux caisses des supermarchés et ne vous permet pas d’entrer gratuitement dans les musées. Elle ne vous fait pas mieux comprendre le tchèque et ne vous offre aucune réduction à l’achat d’un MacGoulash menu au McDo. Malgré ces faiblesses, la cordelette vous donne quand même un incomparable charisme.
Mais la véritable grande classe, c’est d’apparaître en photo dans le journal officiel du colloque, publié au lendemain du lancement de l’évènement à 5000 exemplaires. Le visage emprunt d’un subtil mélange d’intérêt, d’illumination, de sérieux et d’ennui, j’ai compris que cette enivrante notoriété photographique m’avait été offerte par cet objet de style qui offre au cliché son contraste particulier et rappellera le curieux élitisme de la manifestation. C’est le privilège de la cordelette…
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhv0PAe0IypWVQdkLhPl14ZZL0XXU-EN-mfXsfNWAQiJpJyAjruc5MPzH9AwNG2iQBFqrpSLfq-pg1sXI88uwbW76rnDAKGefUwyloEK-9E75f7bklb6oUiAvBOt_sjqgS_C9MA-LZND6w0/s320/John+Europe.jpg)
PS : Et pour ceux qui auraient suivi l’article précédent, je tiens à préciser que j’ai eu un bic !
Valorisateur, c’est vraiment chouette. Quand on arrive à l’aéroport, il y a monsieur qui attend, une grande pancarte à la main avec votre nom en majuscule. Il vous accueille en disant des choses en tchèque et comme vous êtes poli, vous souriez en disant « ok ! » (car en tchèque, « c’est pas faux » ne marche pas). Vous comprenez plus tard qu’il vous expliquait ne pas accepter les cartes de crédit. Aë ! (En tchèque : Aïski !). Un moment de solitude est néanmoins vite passé. Mais la véritable histoire du valorisateur commence le lendemain matin, au Palais des Congrès !
Le grand hall, c’est comme un aéroport mais en plus chic. Des tas de gens super bien sapés arrivent devant des flics tchèques (qui sont moins raides que les allemands mais quand même plus sérieux que les italiens) qui semblent vouloir leur demander quelque chose. Il faut savoir que cette langue de l’Est, bien que très charmante, fait de drôle de groulis dans les tympans. Au regard du policier, j’ai vu deux possibilités de traduction : « Veuillez déposer vos objets métalliques dans le bac » ou « Vous prendrez bien une salade au chèvre et un verre de Merlot ? ». Apparemment, je ne suis pas très bon en tchèque… mais j’ai néanmoins choisi la bonne solution.
A l’accueil, tout le monde se presse pour l’avoir. Elle est là, au bout de quelques mètres, d’un sourire, d’un échange de mot de passe codé en 3 alphabets, de la présentation d’un passeport, d’un permis de conduire, d’un certificat de bonne vie et mœurs et d’une lettre signée par le roi. Elle est là, la cordelette ! Ce petit objet magique et coloré qu’on vous glisse autour du cou vous transforme instantanément en personne très importante. La mienne était orange fluo, ce qui signifiait que j’avais beaucoup de privilèges mais pas celui de monter sur les estrades ni de boire du champagne entre les repas. Au bout de la cordelette, un badge nominatif dont, il faut bien le dire, tout le monde se fout éperdument.
Cordelette au cou, donc, on voyage dans les allées du Palais. Plein de gens se baladent en souriant, et se serrent la main (voire chronique d’un valorisateur, la technique fricadelle). Bien sûr, Europe oblige, on doit parler anglais. Quand on m’a demandé « where is the waters ? » j’ai pointé les toilettes d’un geste assuré. L’homme (dont j’apprendrai plus tard qu’il s’appelle Michel Popov et vient de Lyon) reprend en me disant : « No, waters glouglou ! ». J’avoue, j’ai ri. Merci Popov. Ceci dit, la plupart des orateurs s’en tirent très bien…ah ! Les orateurs !
Il faut savoir que l’Europe c’est sérieux. Très sérieux même ! On parle de programme cadre, d’innovation sociale, de région de la connaissance et même de crise financière. Moi, je pensais qu’avec des mots comme ça, ils pouvaient se la péter à la hauteur de l’investissement européen. Mais non, pour que ça ait l’air suffisamment grave, il faut que la séance soit ennuyeuse à mourir. Présentation monotone, discours barbants, ton de voix monocorde, immobilité, visage sentencieux. Heureusement que M. Kim-Choo est venu de Singapour pour animer un atelier communication à la manière d’une séance d’arts martiaux, avec cris de ponctuation, amples gestes exemplatifs et éclats de rire flamboyants. Ceci dit, je n’ai pas perdu ma bonne humeur face aux autres endeuillés du colloque dont les cordelettes oranges, bleues et roses fluo parvenaient à entamer quelque peu le sinistre de leurs trois pièces.
La cordelette donne aussi droit à un repas. Bien sûr, un walking dinner avec beaucoup de vin et beaucoup de gens qui vous marchent sur les pieds et vous bousculent pour se précipiter vers le buffet, comme s’ils avaient attendu un bout de brie toute leur vie. Avec la cordelette, on peut aussi avoir du café, des autocollants, des CD-ROM et un tas de brochures qu’on ne lira jamais. Dès lors, heureux de toute cette reconnaissance, on se promène à la découverte de contrées inexplorées, d’accents de l’Est savoureux, de jolies hôtesses en chemisiers blancs qui vous lèguent des sourires et vous offrent des tartelettes au pavot.
Par contre, la cordelette à ses limites ! Elle ne vous donne pas droit au métro gratuit, ne vous donne pas la priorité aux caisses des supermarchés et ne vous permet pas d’entrer gratuitement dans les musées. Elle ne vous fait pas mieux comprendre le tchèque et ne vous offre aucune réduction à l’achat d’un MacGoulash menu au McDo. Malgré ces faiblesses, la cordelette vous donne quand même un incomparable charisme.
Mais la véritable grande classe, c’est d’apparaître en photo dans le journal officiel du colloque, publié au lendemain du lancement de l’évènement à 5000 exemplaires. Le visage emprunt d’un subtil mélange d’intérêt, d’illumination, de sérieux et d’ennui, j’ai compris que cette enivrante notoriété photographique m’avait été offerte par cet objet de style qui offre au cliché son contraste particulier et rappellera le curieux élitisme de la manifestation. C’est le privilège de la cordelette…
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhv0PAe0IypWVQdkLhPl14ZZL0XXU-EN-mfXsfNWAQiJpJyAjruc5MPzH9AwNG2iQBFqrpSLfq-pg1sXI88uwbW76rnDAKGefUwyloEK-9E75f7bklb6oUiAvBOt_sjqgS_C9MA-LZND6w0/s320/John+Europe.jpg)
PS : Et pour ceux qui auraient suivi l’article précédent, je tiens à préciser que j’ai eu un bic !
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