vendredi 31 décembre 2010

La thalasso pour les gays

Des gays en goguette (essayez de dire ça 12 fois d’affilée) qui se prennent une journée de chouchoutage en thalasso, ça devient assez commun. Ceci dit, certains centres, il faut le croire, n’ont pas encore intégré ces nouvelles mœurs à leurs habitudes. C’est ainsi qu’on assiste parfois à des moments cocasses. Le ridicule ne tue pas, bien heureuses soient les masseuses…

C’est ainsi qu’un beau matin de novembre absolument dégueulasse, nous avons pénétré dans la somptueuse Compagnie des Indes pour une journée de détente et de petits soins, loin de la grisaille. Arrivés au comptoir, déjà, Margueritte (nous l’appellerons comme ça) nous observe d’un air circonspect (le mot est très laid mais il veut dire ce qu’il veut dire).
-    Donc vous avez réservé la formule Flair
-    C’est bien ça.
-    Tous les deux.
-    Oui, oui !
-    En même temps…
-    …oui !
-    Han !

Passé cette micro gêne de Margueritte qui n’était, sur le coup, pas très sûre que le programme « Monsieur/Madame » puisse se transformer en « Double croque-monsieur », la dame nous amène au vestiaire pour que nous puissions enfiler nos maillots, nos peignoirs ET nos adorables petites pantoufles blanches en mousse qui semblent dire : « Oh ! Chère amie ! Apportez-moi donc un thé menthe-hibiscus avant ma manucure ! ». Emballés dans nos merveilleux peignoirs, une charmante demoiselle nous conduit à l’espace privatif : sauna, jacuzzi, 4 lits (c’est là que je me suis dit qu’ils n’avaiten pas l’esprit si fermé que ça…) et un petit bar. Je passerai sur la porte du sauna qui ne se ferme pas, le jacuzzi qui mousse (en extérieur, s’il vous plaît, pour une séance de jacu-tempête belge avec vent, pluie et feuilles mortes dans la tronche) et la porte-fenêtre armée d’un morceau de carton sans lequel on se retrouverait enfermé dehors. Un gay étant de bonne composition, nous avons pris sur nous et attendu la suite des soins que nous espérions de meilleure qualité.

Premier massage en duo. La demoiselle nous invite à passer en « cabine » (Messieurs et messieurs, bienvenus à bord de cet appareil pour le vol 617 à destination du Paradis !). La jeune fille, manifestement imperturbable, nous accompagne et, telle une hôtesse de l’air, sculptée par l’habitude, nous énonce les consignes de…sécurité ?
-    Vous pouvez entrer, enlever vois peignoirs et les poser sur le petit porte-manteau à votre gauche (dans un centre de thalasso, tout est « petit », ça fait mieux). Vous pouvez vous allonger chacun sur une table et enlever le haut de votre maillot…
Avant d’enlever le haut de mon maillot (que je n’avais cependant pas mis pour l’occasion), nous jetons une face interrogatrice à Bernadette (oui, voilà, c’est comme ça), qui semble, dans un premier temps, ne pas comprendre notre sourire. Bien vite, elle se reprend :
-    Oh pardon ! Heu…c’est l’habitude, hein. Donc ben…vous pouvez garder votre maillot alors…

Après une séance divine de massage, nous sommes amenés en salle de relaxation. Un petit endroit très cosy, lumières tamisées, banquettes confortables, le tout organisé en trois parties, séparées par des portes ouvertes. Et là, dans la partie 1 (alors que nous sommes à côté, en train de prendre notre petit thé et de manger notre petite truffe), Gilbert (manifestement mal à l’aise) et Jeannine (complètements à l’aise, d’ailleurs, elle précisera qu’elle aurait bien enlevé son maillot…mais Gilbert n’était pas forcément pour…) terminent leur repas. Hé oui, il n’y a pas d’espace privatif pour tout le monde, pas de restaurant, il fallait bien qu’ils mangent quelque part. Deux demoiselles, charmantes mais un peu blondes, réalisent que l’aménagement de fortune est un peu incommodant et décident de venir enlever la table. Et là, c’est la relaxation ultime : vas-y que je te retourne la table dans tout les sens, et vas-y que la table ne passe pas par la porte, et vas-y que je bouscule les vases…tout en finesse et en sourire, bien entendu !
-    Mais comment ça se féééé que ça passe pas !
-    Han ché pas moi, c’est pas moi qui l’a mis, da. (C’était à Gerpines…)
-    * sourire béat aux clients * Ne vous inquiétez pas, on va libérer votre espace dans un instant.
-    Mais oui mais comment veux-tu ?
Après quelques essais infructueux, deux appels à un ami et un 50/50, la table est enfin évacuée et la pièce de relaxation se remet lentement de ses émotions…lorsque soudain, on m’appelle pour mon bain de vapeur et peeling coco…

Un jeune dame (hé oui, encore une, elles sont 28) m’accompagne alors dans la pièce très sombre. Un appareil de torture dans lequel je vais me glisser trône sur un sol de bois. A ses côtés, un siège avec une serviette et…un petit ( !) paquet mystérieux. La dame se tortille les doigts nerveusement avant de commencer son explication.
-    Voilà heu…bon, vous allez enlever votre peignoir…et puis aussi votre maillot…
Comme un bon passager à qui on demanderait de mettre sa ceinture, je m’exécute, faisant fi de la nudité. J’aurais dû attendre…
-    Non, non ! Pas tout suite, attendez, je n’ai pas fini.
-    Au temps pour moi…
-    Quand je serai sortie ( !), vous enlèverez votre maillot et vous allez mettre le…(elle pointe le petit paquet)…le string jetable…
-    Hein ?
-    Oui, dans le petit paquet, c’est un petit string jetable.
-    Ha.
-    Oui.
-    Hmmm.
-    Oui.
-    … ??
-    Alors bon, hein heu…bon, il faut le mettre à l’endroit hein.
-    A l’endroit ?
-    Oui…le grand côté devant…Parce que bon…on a déjà eu des problèmes…alors ben oui forcément, en mettant la ficelle devant ben ça dépasse hein, c’est normal.
-    …Han han…
-    Alors bon, maintenant, si ça dépasse quand même, c’est pas grave, on n’a l’habitude…
-    Ha ben si vous avez l’habitude alors…
C’est ainsi que pour la première fois de ma vie, j’enfilais un string jetable, hautement inconfortable et complètement inesthétique. L’histoire ne dira pas si quoi que ce soit dépassait…

Lentement mais sûrement, la journée se termine. Bien que la rumeur des « deux monsieurs » se répande depuis plusieurs heures, tout le personnel ne nous a pas encore croisé. Mon dernier soin terminé, je pars au vestiaire pour retrouver une allure convenable et attendre mon monsieur, celui-là même qui termine également sa dernière aventure thalasso du jour. Il est raccompagné par Gisèle, un peu gentille, qui ne manque pas de lui dire : « Voilà, vous pouvez aller au vestiaire, Madame ne va pas tarder à vous rejoindre ». Laurent ne manquera pas de lui signaler qu’il va rejoindre un monsieur et Gisèle, de bégayer : « Oh ! Je suis sotte ! Je n’avais pas vu…je…savais pas… ». Le tout ponctué d’un petit rire nerveux et délicat, suivi d’une fuite en bonne et due forme.

A la sortie, quand Margueritte nous a demandé : « Tout s’est bien déroulé…messieurs ? ». Nous avons échangé un regard amusé et, après quelques secondes de réflexion, avons lâché un « oui, très bien » de compassion.

Bref, n’oubliez pas d’enlever le haut de votre maillot quand vous allez en thalasso… !


mardi 21 septembre 2010

La pêche aux canards

Après des mois de travaux durant lesquels dimanche rimait davantage avec « joints étanches » et « on remonte ses manches » qu’avec « je me lève tard parce que…c’est dimanche (bordel !) », aujourd’hui était un jour béni par cette coutume de notre civilisation catholico-occidentale. C’était un dimanche, un vrai, celui où l’on ne fait rien d’autre que ce dont on a envie, sans obligation, sans agenda, sans promesse. C’est ainsi qu’après un délire nuptial (pas le nôtre, attendons encore un peu) et une bonne grosse sieste totalement inacceptable (puisque blottie dans la plage 13h-16h), nous avons décidé de tenter la folle expérience de…la Foire de Tournai.

Aller à la Foire de Tournai un dimanche, à 17h, c’est renouer avec nos racines enfantines les plus profondes. Oui, tous, nous avons vogué vers la pêche aux canards et, armé d’un bâton en bois (récupéré dans une jardinerie et au bout duquel on avait accroché un fil de fer torsadé en « S »), attrapé des canards en plastique multicolores à échanger contre des points. Au final, nous ressortions heureux avec notre kit du détective que nos parents avaient grassement payé 500 francs belges alors qu’il était au Sarma à 99FB ! Au-delà d’être inconscients que nous jouions avec un objet qui deviendrait une véritable tendance fashion (le canard flashy est devenu un élément de décoration indispensable de l’adulescent qui affirme son manque de sérieux et sa nique envers la vie d’adulte), nous prenions un malin plaisir à décocher les cibles flottantes et à repartir, vainqueurs, avec notre lot dans les mains. C’est dans cet esprit de douce futilité que je me suis mis en route.

Au fond, rien n’a changé avec les années. A côté des attractions-vomitoires (qui tournent et retournent entre les croustillons et le pain saucisse), on trouve toujours les grands classiques de la villégiature foraine : la rousse Berthe entre ses grille-pains et ses téléviseurs  qui hurle dans son micro que tous les tickets sont gagnants; le brave Albert qui écrase son cigare sur les boites de chevrotines de son stand de tir ; la petite Virginie qui distribue ses ficelles et sirote son Evian parmi des peluches plus grandes qu’elle. Les lumières explosent avec les sirènes et autres cris improbables qui se répandent dans les allées. Les odeurs de fritures se mélangent à celle de la barbe-à-papa et c’est probablement le seul environnement dans lequel on peut trouver cela acceptable. Rien n’a changé. On voit les promeneurs qui se croisent avec, sous le bras, d’étranges animaux en peluche. Familles, amis, solitaires. Tout le monde y vient parce qu’ici, on ne pense à rien. On croise Paul ou Jacques, on s’arrête quelques instants. Les enfants balancent des sourires à tous vents et les parents retrouvent pour quelques instants des bribes d’une douce innocence qu’ils ont trop rapidement jetée aux regrets. Et là, au hasard des caravanes de forains, on retrouve les canards qui défilent, inlassablement, comme une boucle dans le temps qui scanderait comme un éternel recommencement.

Du coup, après m’être jeté sur une pitta que j’ai obtenu avec une réduction (grâce à mon bon découpé avec précaution !), c’est dans ce que, de mon temps, on appelait « Luna Park » que j’ai envoyé balader toutes mes pensées. Devant une machine à sous remplies d’objets plus cocasses et inutiles les uns que les autres, j’ai jeté des pièces dans des fentes et regardé avancer vers moi ces petits trésors. Je me suis réjoui du bruit du métal qui s’effondre dans le réceptacle et, de temps à autre, de celui du plastique qui nous indique qu’un gros lot vient d’arriver. Et j’étais bien. Oui, j’étais simplement bien. A côté de celui que j’aime, hors de tout ce qui fait que le monde est monde, loin de tous les ennuis, nous avons, une heure durant, joué aux pièces. Et quand vient le moment de lancer la dernière, celle qui marque la fin de la manœuvre, c’est le regard rempli d’étoiles que l’on contemple son pactole. Avec beaucoup de réflexion, on décide de ce que l’on garde et de ce que l’on échange contre des points, avant de pouvoir choisir dans une vitrine, un objet tout aussi inutile que les autres, mais dont on sera fier de pouvoir dire que « on l’a gagné à la foire ».

Heureux de tant de gains épanouissants, on se laisse alors porter par une odeur de friture sucrée, afin d’acquérir ce cornet de papier rempli de croustillons, ces succulents beignets sucrés de poudre blanche qui ne tardera pas à maculer nos vêtements.  Quelque part, cela fait aussi partie du jeu. Et quand enfin, on remonte dans la voiture, on a comme l’impression d’avoir arrêté le temps, quelques heures seulement. Et là, on se rend compte à quel point ces instants sont précieux. Combien l’innocence retrouvée, même brièvement, est un opium délicat et bienfaiteur. Car demain, il y aura le bruit du réveil et les embouteillages, il y aura des êtres chers qui s’en iront, il y aura de la grisaille et des larmes. Car demain, on s’enroulera de nouveau dans la vie quotidienne.

C’est pourquoi, là, quelque part dans une boite encore fermée, des canards en plastique attendent de retrouver leur place dans l’appartement afin qu’aussi souvent que possible, je puisse jeter mon regard sur eux et me souvenir que la vie est faite de moment comme celui-ci. Des moments où l’on retrouve cette savoureuse légèreté de l’être qui nous a poussés, un jour, à attraper d’une canne à pêche des canards en plastique multicolores…

jeudi 8 avril 2010

Jeune homme rénove appartement


Quoi qu’on puisse en penser, la décision de rénover un appartement ne se prend pas sur un coup de tête. Il ne s’agit pas d’acheter une paire de chaussures ou de s’empiffrer de frites. C’est une décision qui se veut longuement et murement réfléchie, calculée, planifiée. Un bel après-midi d’hiver, on signe alors un papier décisif, celui qui semble dire : « ca y est mon vieux, maintenant, t’es vraiment dans la merde ! »

La rénovation d’un appartement est une sorte de rite initiatique qui symbolise le passage à un âge critique où l’on commence à prendre des anxiolytiques, où l’on s’inquiète du rendement de son compte en banque et où l’on ne mange plus trop tard le soir car, sinon, on a l’estomac lourd. C’est, semble-t-il, un passage courant chez l’être humain moyen : celui qui peut prétendre à posséder ses murs, mais malheureusement pas à les payer au prix fort.

Tout commence par un élan de motivation extrême. On casse des murs, on déblaye des pièces, on arrache du vinyle. Chaque jour passé dans le futur petit nid est une forme d’accompli : on bombe le torse et on sourit de fierté d’avoir pu, dans sa plus grande inconscience, porter quelques briques et planter quelques clous. Cependant, après avoir pu ajuster le niveau d’huile de ma voiture pour la première fois à 28 ans, j’aurais dû me douter que l’aventure ne serait pas sans provoquer quelques sueurs froides.

Rapidement, on se rend compte que, même si l’on est le meilleur gestionnaire de projets qui soit, l’expérience de la rénovation réserver un tas de petites surprises agréables, sorte de grands coups de pelle dans la tronche, qui vous obligent à revoir votre plan de travail tous les deux jours. On finit par comprendre que le mot « planifier » n’a plus beaucoup de sens et on se résigne à subir les coups du sors : « On t’a pas dit qu’il fallait chauffer pendant un mois avant de mettre le parquet ? Han !? » ; « Ha…va falloir refaire l’alimentation d’eau…parce que là ça va pas hein…nan, ca va pas… » ; « Dis, je suis malade, je vais pas pouvoir venir terminer ton chauffage ». Après quelques semaines, plus rien n’étonne. L’appartement devient le lieu d’une joyeuse débauche de matériaux dont on a l’impression qu’on en fait des tartes vu la vitesse à laquelle ils disparaissent. Les dépenses explosent, le budget diminue et on s’imagine rapidement en train de vendre sa collection de DVD sur eBay pour pouvoir acheter la vanne du radiateur de la salle de bain…

Il y a aussi un mystère étonnant que je n’ai pas encore résolu. Plus on détruit de choses, plus il y en a à détruire ! On a tellement vidés de décombres en tous genres que lorsqu’on arrive au parc à conteneurs, on nous fait la bise et on nous offre une bière. Et quand vous pensez que c’est enfin terminé, le doux murmure de la scie circulaire annonce la prochaine saignée. D’ailleurs, certaines saignées sont tellement grandes que j’ai décidé de les appeler des tranchées, de m’y cacher et d’y faire la guerre à toutes formes de bricolage!

Comme vous l’aurez compris, l’aventure devient rapidement atroce. Le moral s’enfonce jusqu’aux chevilles, les esprits s’échauffent et quelques paroles maladroites se perdent. On s’endort en pensant à des tuyaux de cuivre, on rêve de plaques isolantes et l’on se réveille avec des saignées abominables dans tous les murs. La vision des magasins de matériaux et bricolage vous file la nausée et certains mots provoquent d’étranges spasmes parmi lesquels : manchon, Gyrpoc, MP75, compteur électrique, volige, isolation ou encore sable du Rhin et Hubo.

Après bientôt 3 mois de travaux, quelques constats peuvent être réalisés :

-Je n’ai plus une chaussure ni un manteau qui n’ait été la victime de poussière de plâtre, de ciment frais ou de la douce caresse d’un bloc Ytong ;
-J’ai perdu 9Kg de graisse que j’avais mis des années à mettre de côté ;
-Je dors en moyenne 5h par nuit et parfois, je m’éveille avec l’horrible envie de vérifier si l’on a acheté les bonnes vis pour le Gyproc ;
-Ma capacité pulmonaire a diminué de 20%, résultat de la respiration de l’équivalent de 8Kg de poussière ;
-Je peux maintenant conduire un petit camion plateau, (mal) enduire du Gyproc, faire la différence entre une vis à bois et une vis à Gyproc, manger un sandwiche assis par terre avec les mains dégueulasses et dégonder un porte en moins de 7 minutes.

On peut également tirer quelques conclusions intéressantes de l’expérience :

-Quand on vous dit « Fais-moi confiance ! » ne faites SURTOUT PAS confiance. C’est une erreur de débutant, certes, et qui cause de sacrés ennuis ;
-Quand on vous dit « ca va aller ! », ne le croyez pas. Ca ne va jamais. Il faut toujours prévoir plus de temps, plus d’argent et plus de Xanax ;
-Demandez à votre banque 10.000€ de plus et entourez-vous de véritables professionnelles du métier, sans avoir mal au cœur de dépenser de l’argent pour ça ;
-Quand on vous dit « tu vas voir, c’est facile », préparez-vous à devoir trouver quelqu’un pour faire la tâche à votre place, vous n’y arriverez pas ;
-Ne sous-estimez jamais les bienfaits d’un véritable dimanche de repos.

Pour nous, la sentence est tombée : nous allons bel et bien déplacer nos meubles fin du mois dans le nouvel appartement et pour cause, notre bail se terminera le 1er mai et la maison doit être libérée. Il est plus que probable que nous vivrons dans une tente Décathlon, nonchalamment déployée sur la chape du séjour, dans un appartement privé de chauffage, d’eau et d’électricité. Nous irons chercher l’eau au puits, nous frotterons des silex pour faire un feu de camps, nous nous laverons dans une bassine et nous mangerons des raviolis en boite, froids, si tant est qu’on remette la main sur l’ouvre-boite, enfui dans une des 217 caisses qui seront éparpillées de la cave au grenier.   

Je ne suis pas encore arrivé au bout de l’aventure mais tout porte à croire qu’après cela, effectivement, je ne serai plus le même homme ! A la grâce de Dieu…

vendredi 12 février 2010

Chroniques d’un valorisateur : Poliment vôtre

Dans le monde fabuleux de la valorisation, la politesse est de mise. On se vouvoie, on se salue bien bas, on s’appelle « Monsieur » ou « Professeur » ou « Docteur » ou même, parfois, « Monsieur le Professeur Docteur ». Moi, je suis partisan des grosses baises, des « tu vas bien » et autres « quoi de neuf, chou ? ». Mais, apparemment, ce sont des pratiques hautement déconseillées dans le monde de la valorisation, sauf entre proches collègues (mais pas trop proches quand même !).

Récemment, j’ai salué le recteur de l’université que j’ai croisé au détour d’un couloir, sûr de ma formule et du choix de mes mots : « Bonjour monsieur le recteur ! » A proximité, un vieil ancien (c’est pout dire !) de la Faculté. Je m’entends alors dire : « Il faut une majuscule à Monsieur et à Recteur, tu sais ». Je suis resté émerveillé devant cette remarque extraordinaire : certaines personnes parviennent à distinguer les majuscules à l’oral. Je dis Waw !

Dans la foulée, je reçois l’appel d’un professeur qui, d’entrée de jeu, attire ma plus vive attention. « Monsieur Pardo, je me permets de vous saluer en cet après-midi. Je me présente, ***** *****, professeur, docteur et chercheur dans le pôle **** de la Faculté. Il m’est venu une demande que je désirerais vous adresser. M’autorisez-vous à vous adresser cette demande ? ». A ce moment précis, je me suis senti plus important que jamais. Je débordais d’un sentiment de pouvoir intense et cherchais déjà autour de moi quelque couronne improvisée à me mettre sur la tête pour compléter le tableau. Et dans ces moments, on a la sordide envie de répondre : « Non ! » et de raccrocher. Tiens ! Prends ça ! Cependant, armé de la politesse la plus exemplaire, je m’exprimai, en free styling : « Bonjour Monsieur ***** *****, j’accepte volontiers d’entendre votre demande et de la considérer ». Ce fut du plus bel effet ! L’homme a dès lors exprimé sa demande avec finesse et circonspection : il souhaitait connaître le numéro de fax du service de valorisation… soit !

Dans la même journée, je reçois l’appel d’une agence de communication où le client est roi. A ce point tel qu’ils prennent la peine de comprendre mieux que vous et avant vous quels sont vos besoins. « Monsieur Pardo, je comprends tout à fait votre opinion et je m’y rallie totalement. Cependant, je pense que vous n’avez pas complètement saisi la nature de vos besoins et, si vous l’acceptez, je me propose de les exprimer pour vous. » Avant de tomber de ma chaise, j’ai pris le soin de répondre : « Vous aurez donc compris que pour l’instant, mon besoin, c’est de ne plus vous parler ». J’ai pu, à ce moment précis, satisfaire mon envie diabolique d’un raccrochage au nez. Il a rappelé 4 fois, et j’ai supposé qu’il comprendrait bien assez tôt mon besoin d’avoir la paix.

Outre la valorisation et son monde fabuleux, le poliment vôtre se présente aussi dans la quotidien. C’est ainsi qu’en téléphonant chez mon gestionnaire de réseau électrique pour une information, je suis accueilli de la sorte : « Bonjour et bienvenu chez Ores. Je m’appelle Mathilde et je suis prête à répondre à vos questions ». Mis en confiance, je balance mon explication. La gentille dame m’écoute, me conseille et, Ô joie, se détend un peu. Après quelques minutes seulement, c’est le drame. Mathilde se rend compte qu’elle déroge complètement au protocole et dans un élan de professionnalisme, se reprend : « Monsieur Pardo, me permettez-vous de vous faire patienter quelques secondes afin que je vous transfère au service adéquat ». Quelle déception ! Déjà, moi, on ne me transfère pas aussi facilement. Puis, à la question « me permettez-vous » j’ai toujours envie de faire mon sale gosse et de répondre non. Enfin, je n’aime pas le mot « adéquat ». Bon prince, j’ai accepté le transfert ainsi que la formule de clôture : « Monsieur Pardo, Ores vous remercie de cet agréable entretien et vous souhaite une excellente journée. ».  Impressionnant d’aisance !

Sur ces bonnes paroles, je m’en vais me préparer à recevoir le Recteur pour une réunion de service et à articuler distinctement les majuscules…je ne voudrais pas commettre l’impaire de l’impolitesse.

Veuillez accepter, chers lecteurs, l’expression saluante des mes sentiments dévoués les plus distingués ! Et toc !

samedi 2 janvier 2010

Résolutions résolument bonnes pour 2010


Si je ne suis pas le plus fervent des conservateurs, je tiens quand même à cette tradition de début d’année qui veut que l’on prenne des bonnes résolutions qu’on ne tiendra pas très longtemps. C’est une tentative courageuse de l’être humain qui profite d’un moment symbolique de renouveau pour imaginer tout ce qu’il pourrait bien faire de l’année nouvelle… Je vais donc m’y coller publiquement afin de laisser une trace tangible et officielle de ces résolutions résolument bonnes pour 2010 !

Améliorer mon côté manuel


N’y voyez rien de sordide, s’il vous plait ! Mais depuis que j’ai mis à niveau l’huile de mon moteur (je parle au propre, entendons-nous bien !), je me suis pris d’un désir fulgurant d’améliorer mes capacités manuelles. Preuve en est qu’il y a quelques jours, j’ai moi-même cousu un bouton ! Avec du vrai fil et une aiguille avec un trou dedans. Oui ! Une période intense d’abattage de mur, de détapissage, de béton et de plâtre arrivant à grands pas, je risque de devoir prendre cette résolution à bras le corps.


Faire plus d’exercice physique


Je ne me mouille pas ! Chaque année, je parle de faire du sport. Mais ce mot veut tout et rien dire et souvent, il implique une intense transpiration, des shorts très courts et une domiciliation mensuelle qui blesse bien vite le compte en banque. En parlant d’activité physique, je peux inclure de monter plus souvent les escaliers, de placer le chocolat dans l’armoire la plus haute pour l’atteindre moins facilement, de me garer encore plus loin du bureau. J’y inclus également d’utiliser le ballon de femme enceinte qui traine dans ma chambre pour retrouver ces muscles dont tout le monde parle tant et qui se trouveraient, apparemment, du côté du nombril. Je vous rassure, pour l’instant, rien à l’horizon…


Se laisser vivre


S’il y a bien une chose que j’ai appris en 2009, c’est que les mots « rentabilisation du temps » sont de véritables instruments de tortures. 2010 sera l’année de ma zenification ! Je vais prendre du temps pour glander, lire des livres de Bernard Werber, jouer à la super Nintendo, planter du maïs dans mon champ virtuel, regarder Dexter et Californication sur mon nouveau iPod Touch, jouer du piano et faire des photos. Sans stress, sans obligation, sans échéance. Me lever à 11h le samedi et passer 4h chez IKEA même si je n’ai besoin de rien. Nourrir des poissons virtuels, trouver ça inutile et en rire. Je compte même me faire un dimanche-pyjama par mois ! Na !


Etre plus franc et honnête en toute diplomatie


Un autre enseignement de 2009 est celui-ci : « Les gens peuvent entendre ce qu’on a à leur dire, ce que l’on pense vraiment, sans faux détour, sans mensonge même de bon cœur ». Et c’est ainsi que j’ai une envie de dire ce que je pense à tous vents. La véritable amitié, paraît-il, se fait aussi dans l’écrin d’une honnêteté sans borne qui, si elle n’a pas pour vocation d’être blessante, doit rester objective. Ne m’en veuillez donc pas si je vous dis que votre pull ne vous va pas, que votre copain est possiblement gay ou encore, que vous devriez vraiment arrêter votre obsession pour les Schtroumpfs. C’est pour votre bien. Prenez un Xanax et allongez-vous, ça ira bientôt mieux.

Etre créatif et débordant


Comment ça, ce n’est pas une résolution ? Hé bien si ! C’est une des seules résolutions que j’arrive à tenir chaque année. Et j’en suis fier. Je veux déborder de créativité, inventer n’importe quoi à n’importe quelle heure et ne pas en réaliser la moitié. Je veux rire aux éclats avec tous ceux que j’aime, m’éclater sur les jives et les cha-cha du club de danse, publier des centaines de photos sur Onirys, créer des concepts et des trucs et des machins. Et rêver…toujours rêver…car c’est comme ça que je me sens le mieux vivre.

Point trop n’en faut ! 2010 ne comptera que 365 jours qui, chacun, ne porteront que quelques 24 petites heures. On en fera le meilleur usage, c’est promis.
Me reste à vous souhaitez à tous une année de douce folie en espérant pouvoir partager quelques unes de vos démences…