jeudi 17 septembre 2009

Funérailles matrimoniales

Il y a quelques temps, j’assistais pour la première fois à un évènement des plus particuliers. On l’appelle enterrement de vie de garçon/jeune fille ou encore brûlage de pantalon/culotte. Force est de constater que personne n’est enterré (ce qui aurait pu être drôle), ni brûlé (ce qui aurait pu être encore plus drôle) et que les pantalons et les culottes demeurent (presque) intactes…

En fait, un « brûlage » (apparemment, c’est fashion de l’appeler comme ça et puis, on utiliserait « enterrement » que ça ne ferait carrément pas le même effet), c’est une sorte de baptême estudiantin amélioré pour deux personnes qui ont eu la mauvaise idée de vouloir se marier et qui semblent devoir être punies pour ce choix. Voyons cela de plus près…

Pour un brûlage réussi, il faut une bande de mâles hétéro et bruts, d’un poids moyen de 90Kg chacun, avec de vrais poils au menton ; une bande de copines hyper apprêtées qui n’aiment pas la bière ; 10 casiers de bière ( !) ; des pains et des saucisses (pour faire ce qu’on appelle des « pains-saucisses ») ; un tas d’accessoires douteux dont le but encore inavoué laisse présager le pire et, enfin, deux victimes (que l’on appelle aussi « futurs mariés »), innocentes et candides, que le bûcher du ridicule attend de voir flamber.

Après un accueil somme toute encourageant, les victimes s’aperçoivent rapidement que l’objectif des prochaines heures sera de les rendre aussi grotesques que possible. A ce que j’ai pu en saisir, une règle majeure est de séparer, au moins pour un temps, les hommes (les vrais !), des femmes. Ceci laissera l’opportunité aux mâles d’exprimer tout leur relent de testostérone et aux femmes de profiter d’un moment de calme et de sérénité. Les canines luisantes des bourreaux aiguisées, le spectacle peut commencer.

Ma condition biologique m’y contraignant, j’ai donc assisté à la partie « mâle » de l’aventure. Telle une horde de Wisigoths en manque de combat, le groupe de potes s’attaque au relooking du fiancé. Un string par ci, une jupe par là, un fabuleux corset et une touche de maquillage et le voilà biseauté pour un quartier mal famé de la gare du Nord. Les Wisigoths n’étant pas abonnés à Vogue, ils complètent le tableau d’un fabuleux tablier orné d’un énorme sexe poilu. Finesse et subtilité.

Les capsules s’éclipsent, les bouteilles s’entrechoquent de vide. Soudain, un homme d’un autre âge (que l’on appellera plus tard « l’homme à abattre ») que nous nommerons Robert s’approche de moi. Chasseur accompli, homo érectile, maître de toutes connaissances, seigneur de la bonne manière et de la bien séance. Robert aime : tuer les animaux, les chiens qui aiment tuer les animaux (les autres), les hommes qui aiment tuer les animaux (mais pas les chiens). Le brave bougre se met dès lors à m’expliquer comment prendre des photos. Quand d’un coup, au milieu de deux mots, un renvoi atroce vient s’écraser sur mon visage. Robert est un vrai, il rote, il pète et ce n’est sûrement pas moi qui pourrai l’arrêter.

Après quelques heures d’amusement fantasques et de ridicule, les braves se rejoignent pour un fabuleux barbecue en musique. L’ambiance se détend et les victimes, finalement épargnées, retrouvent un état correct. Les saucisses grillées rejoignent les pains, la bière enivre de plus belle. Bien vite, je me suis rendu compte que mes amis Vodka et Martini allaient m’aider à prendre place dans l’ambiance. Un petit lancé d’œufs, une déclaration d’amour la bouche pleine de marshmallow, une culotte sale et du Nutella sur les orteils, voilà la toile d’une soirée sans queue ni tête…voire, juste sans tête… qui se terminera, pour moi, dans quelques discours philosophico-éthyliques avant un coma profond et reposant.

Après ces heures de sommeil, force est d’admettre que l’évènement n’est pas si traumatisant. Ce qui m’apparaissait comme un remake de « Il faut sauver le soldat Ryan » n’était en fait qu’un délire estudiantin gentillet, inattendu mais profondément bon enfant. Lorsque Robert débarqua en notre logis, un chevreuil mort dans sa remorque, à 7h tapante, il me sembla juste de le désigner « l’homme à abattre ». Entre deux songes, je me pris à bafouiller : « L’Egypte avait ses sept plaies, ce village à Robert ! ».

J’avoue avoir revu les photos avec un plaisir certain. Et c’est probablement les sourires des futurs mariés qui’ m’ont fait reconsidérer cette improbable journée de funérailles matrimoniales. Je garde néanmoins un doute : les vies de jeune homme et de jeune fille ont-elles vraiment été…enterrées ?


vendredi 11 septembre 2009

Laissez moi jouer ma vie…

…j’ai un sacré rôle dedans !

Ne pas publier d’article sur son blog est une ignominie sans nom. Plus de deux mois de mort dans l’âtre, sous l’excuse volubile d’un été vacancier, c’en est trop ! Personne ne se plaint (ni ne se vide, d’ailleurs), ce qui est d’autant plus inadmissible. Qu’à cela ne tienne, je me mets au résumé éclair des 72 jours écoulés depuis la dernière publication. Flash éclair, attention les yeux, ça va aller très vite :

L’Avare, barbecues, Forges-Phillipes, Scrabble, brûlage de culotte, Alsace, Bellewaerde, cousine, 40 ans de Régis, mexicain, Avatar, notaire, Chimay, mariage, coiffeur, cathou, photo, Harry Potter, 30 ans de mariage, Marmotton, Sabine, sauvetage, Concert de Zoé, Chicha, couque suisse, appartement, agence immobilière, Onirys, Famille Margerin, papillon des étoiles, jeanne, communication, oublie de portefeuille, valorisation, porte de douche, architecte, Three to Tango, site web, UMONS, chemise, funérailles, pricing, paella.

Vous avez suivi ? Non ? Tant pis.

J’ai entendu ce matin une interview du père de Yanina Wickmayer qui disait : « Il ne faut pas courir plus loin que ses chaussures ». Ainsi soit-il ! Cependant, je me trouve trop souvent loin de mes chaussures qui, tant mal que mal, essaye de me rattraper, en vain.

On m’a dit dernièrement : « Vivre à du 200 à l’heure est un art qui, comme toute forme d’art, fini par s’essouffler ». Bien que cela ne me rassure pas, je vois dans ce train de vie un peu fou l’occasion de carpediemiser à mort, de mordre la vie à pleine dent, sans remord ni regret. Voir ces personnes qui font de ma vie un paradis, qui dessinent mes sourires et tracent un peu de ma route, voilà une raison excellente d’avoir mis de côté, quelques temps seulement, ce petit caveau à pensées qu’est ce blog.

Le 20 août dernier, un concours de circonstance m’a ramené chez moi plus tôt que prévu. Devant moi, une BMW prenant un tournant en trombe se mit à tournicoter devant mes yeux avant de s’immobiliser sur son flanc. Ma voiture stoppée devant l’accident, j’ai vécu les 4 secondes les plus longues de ma vie. Un instant précis où l’on se demande si l’on sera lâche ou courageux. 4 longues, infinies secondes durant lesquelles on se sent capable du meilleur comme du pire. L’histoire se finira bien, sans gravité extrême, que des cœurs qui ont battu bien fort et des larmes qui ont coulé bien vite…

C’est sans doute l’évènement le plus marquant de ces 72 jours écoulés. Un bref instant, 30 minutes de ma vie peut-être, mais qui font voir les choses autrement. On se pose, on s’évapore un peu. On se demande, on s’interroge. Et pourquoi ? Et comment ? Et si… ? Au final, on regarde le ciel, un ciel d’été trempé du crépuscule. On laisse se dilater ses pupilles pour mieux s’imprégner du céleste agonisant. Et on se dit, on se répète, que la vie, pleine de surprise, offre quand même quelque répit magique et doux.

Dans ces quelques lignes brumeuses, je reprends les commandes de la plume et le goût d’écrire à tout vent, à tout va. Je passerais bien, avec fougue et passion, la porte de l’inclination et du serment…mais…n’oubliez pas…vous d’abord !