lundi 28 décembre 2009

Et de Paris, il fallut revenir...

Il y a quelques semaines de cela, un heureux concours de circonstance nous permit de réserver un petit hôtel en banlieue parisienne, non loin du centre (en parisien, cela veut dire 45 minutes en transport en commun) et tous frais payés. Trop heureux de pouvoir admirer la capitale en ces temps d’obèses Pères Noël et de grasses tartiflettes, nous avons sauté sur l’occasion (sans la blesser)…ainsi que sur le premier TGV en partance de Lille. Mais voilà, d’aventures en aventures, les éléments vous font parfois payer le prix de votre chance.

C’est ainsi que le matin du départ, nous nous sommes levés avec la neige qui, ce jour-là, à cette heure-là, avait décidé de recouvrir la région d’un blanc manteau de 20cm. Et nous le savons tous, en Belgique, 20cm de neige, c’est ce que l’on appelle une catastrophe naturelle. Bref, notre courage à une main et la seconde vitesse de la voiture dans l’autre, nous bravâmes (n’est-ce pas !) l’élément poudreux jusque chez belle-maman et beau-papa. Car ce jour-là, c’est à eux que nous avions décidé de faire appelle (et confiance !) pour nous amener à la gare et prendre le départ. Mais beau-papa et belle-maman, c’est tout un roman…

N’oublions pas, d’abord, que je porte un respect total et une affection particulière pour ces personnes. Chez beau-papa, ce qui est beau, c’est l’insouciance de son regard et sa manière de parler de la dernière promo de chez Carrefour au milieu d’une conversation sur la guerre en Iran. Chez belle-maman, ce qui me plaît, c’est son caractère protecteur et sa vigilance en tout et pour tout. C’est ainsi qu’après de longs kilomètres à 30 à l’heure, nous arrivâmes au point de rendez-vous.

Comme on peut s’en douter, nous étions loin d’être en avance. Certains, même, auraient pu affirmer que nous étions en retard. Diable ! Perdus dans les ablutions solennelles de salutations familiales, nous ne voyons pas le brave beau-papa qui, soucieux de ses clients et de sa belle-mère, décida que le moment était approprié pour livrer deux bonnes tartes au sucre. John ne perd pas son sang froid et, très calmement, s’en va prévenir belle-maman que : " Beau-papa est parti sans nous, avec la voiture, est-ce normal?" Quelques cris et soupirs de désespoir plus tard, nous arrivons sur le quai et attrapons néanmoins nos wagons pour la France.

Malgré une arrivée avec une heure de retard, nous avons profité du court séjour comme il se doit. On a mangé de la tartiflette, un bretzel, des sandwiches bien gras, une crêpe au Nutella et des marrons chauds. Ca, c’était fait. Montmartre, Champs-Elysée, Saint-Germain, Saint-Sulpice, Saint-Foie-Gras et Place du saucisson…le séjour s’achevait déjà et la Gare du Nord nous accueillait de nouveau. Sans beaucoup de surprise mais avec un agacement certain, nous apprenons que notre TGV de retour aura 1h15 de retard. Armé de bouteilles de Sprite et de madeleines écrasées dans nos sacs, nous nous rongions les ongles dans un calme olympien… Cela ne faisait que commencer… Je vous le disais, 20cm de neige et le pays est en état de siège!

Finalement, notre TGV arriva avec plus d’1h30 de retard à Lille, ce qui nous fit manquer deux correspondances pour la gare de Tournai. Heureusement, beau-papa et belle-maman sont là. Ils sont donc prévenus du retard substantiel et informés de l’heure et du lieu exacts(je dis bien exacts!) de notre arrivée. Histoire de rendre l’attente plus douce, nous nous jetons sur le premier Buffalo Grill que nous croisons et dévorons, en 30min, un souper bien mérité. Sûrs de nous et déjà plus de 2h en retard sur notre retour prévu, nous montons dans le train, confiants en l’avenir… Mais à l’autre bout de la ligne, belle-maman et beau-papa avaient trouvé le repos du guerrier au fond de leur fauteuil douillet…

C’est ainsi qu’à notre arrivée, par acquis de conscience (et quel acquis !), Nous appelons belle-maman qui, dans un soupir entre songe et ronflement nous averti que beau-papa n’est pas encore parti…pire, même, il dort ! Exaspérés, nous ne pûmes que laisser échapper quelques grognements. Perdus face à la gare de Tournai, dans un froid de canard, avec nos bagages à nos pieds, en proie à tous les clodos du coin…le tableau ne nous amusa guère. Il fallait, encore, prendre notre mal en patience. Mais surtout… survivre !

Le temps passa, passa et passa encore. Et ainsi jusqu’à ce que beau-papa, décontenancé, fasse un dernier appel, l’ultime cerisette sur le gâteau déjà bien gros. Je vis alors le visage de mon brave compagnon d’infortune se ternir d’une étrange douleur et l’entendis prononcer en articulant exagérément et avec une fureur certaine : «TOURNAI papa, TOURNAI, T-O-U-R-N-A-I ! TOURNAI ! Pas Antoing, TOURNAI !». Hé oui, sur les conseils fort peu judicieux de belle-maman, beau-papa nous attendait (bravement, précisons-le) sur le quai d’une mauvaise gare…

C’est ainsi qu’il nous fallut 5h pour faire Paris-Wiers et que notre séjour s’acheva sur un sommeil bien mérité avec, pour ma part, une pensée attendrie pour mes beaux-parents qui, malgré une bonne volonté avérée, n’avaient pu vaincre les songes de Noël qui, entre neige et retard de train, les avaient emportés bien loin…




lundi 7 décembre 2009

Un petit pas pour l’humanité…

Mais un grand pas pour John! La semaine dernière fut riche en émotions et je me suis dit que j’avais suffisamment délaissé cet espace d’épanchement scriptural que pour m’y remettre de plus belle. Surtout que depuis la fois où j’ai percé mon premier trou dans un vrai mur avec une certaine émulation, c’est la plus grande avancée de ma vie… J’explique…

Il y a quelques semaines de cela, alors que je conduisais gentiment entre ici et là-bas, ma Clio m’assène, comme un coup de masse, un message tout aussi agressif que coercitif : «Réajuster le niveau d’huile !». J’avais entendu dire dans des histoires pour grandes personnes que, en effet, il y avait de l’huile quelque part dans les voitures et que parfois, il fallait en rajouter. Mais moi, innocent et naïf, je m’étais toujours dit que les légendes étaient belles et que cela n’arrivait qu’aux autres. Erreur ! En cette journée pluvieuse d’autoroutes, cela m’arrivait à moi ! «Pourquoi !?!», m’exclamai-je avec force et vigueur, «qu’ai-je donc fait pour mériter pareil châtiment ?», sanglotais-je alors. Je me repris rapidement car je suis quand même un homme (si !) et décidai de trouver une solution…

Je n’allais quand même pas me laisser faire de la sorte ! Réajuster le niveau d’huile ? Et puis quoi encore ? Repeindre des châssis ? Carreler une terrasse ? Tapisser ? Purger un radiateur ? Non, non et non. On commence par réajuster l’huile et on finit esclave du tourne-vis et de la scie circulaire. C’est pourquoi je décidais de nier ostensiblement les messages insistants de l’automobile qui ne cessa de me rappeler que ce foutu liquide de graissage venait à manquer. Je me portai très bien de ce déni manifeste jusqu’au jour où l’on me fit comprendre que je risquais la vie du véhicule…et surtout celle de mon compte en banque. Arf ! Penaud et résigné, je commençai à me faire à l’idée que j’allais devoir me salir les mains moi-même… il le fallait !

Je me mis donc à inspecter les encyclopédies, les sites Internet, les médiums et les témoins de Jehova mais tout cela ne me rassurait guère (particulièrement les Jehovas). A bout de nerfs et psychologiquement fragile, je me résolus à prendre la manuel d’instructions de la Clio : pages glacées, photos en couleur, paragraphes courts…tout devenait enfin possible ! Une grande respiration et la lecture commença… mieux qu’un Jules Vernes, je découvrais les mystères insondables de la mécanique automobile et les termes aussi farfelus que «bielle», «bavette», «injecteur» ou encore «piston». Tout cela me fit rêver à des mondes imaginaires où des centaines de Minipouces se cachent dans la machinerie et pédalent très très vite (surtout quand on va sur l’autoroute) pour mettre en œuvre l’incroyable engin et réajuste EUX-MÊMES l’huile de moteur quand elle vient à manquer !

Il fallut commencer par acheter l’huile. Je fis preuve de ruse, je l’avoue, et déléguai cette tâche à une tierce personne qui me satisfis grandement. Peu après la réception de la fabuleuse bouteille, le courage à son paroxysme, je compris qu’il était temps pour moi de réaliser l’acte. Et c’est ainsi que je soulevai le capot sans m’inquiéter des dépôts grisâtres qui se déposaient sur mes mains. Je sortis la jauge (ce qui me plus beaucoup, je dois l’avouer) que j’essuyai au moyen d’un vieux chiffon (comme conseillé dans le manuel) et que je replongeai dans je ne sais quoi et qui eut dû ressortir tout noir. Comme on put s’y attendre, le niveau d’huile était bas, très bas. Je m’empressai alors de vider le contenu de la bouteille dans un autre je ne sais quoi qui, par la logique des choses, devait être relativement identique au premier je ne sais quoi. Une fois fait, je m’assurai d’avoir tout rempli, rebouché, serré, fermé, essuyé. Mes mains dégoulinaient de bonheur et de bravoure, matérialisés par de jolis chamarrés de noir et de gris.

Quand je mis le contact (30 minutes après avoir réalisé l’appoint, c’est le manuel qui m’a obligé à subir cette insoutenable attente), ma voiture me remercia enfin : «Niveau d’huile correct». J’en eus la larme à l’œil et en poussant un soupir de soulagement, je me sentis grandis. J’avais fait un pas de plus dans le monde réel des vrais adultes. Ce fut un petit pas pour l’humanité…mais un grand pas pour John…

Ce que l’histoire ne dit pas, c’est que quand je me mis à verser l’huile dans son contenant, je m’empressai d’appeler le sauveur universel de toute situation problématique : papa !
- Papa, je suis en train de réajuster le niveau d’huile de ma voiture…
- QUOI ? MAIS ENFIN !? Pourquoi ne pas m’avoir appelé ? T’es fou ? Mais heuu…
- Papa, du calme. Je contrôle la situation…
- * silence de doute *
- Je me pose juste une question… j’ai un doute…
- …hummm ?
- Sur la jauge, l’huile est noire…mais dans la bouteille, elle est jaune…c’est normal ?
- …
- Papa ?
- …c’est parce que dans la bouteille, elle est propre…
- * silence de honte *

...ce fut un grand pas pour John… !