vendredi 31 décembre 2010

La thalasso pour les gays

Des gays en goguette (essayez de dire ça 12 fois d’affilée) qui se prennent une journée de chouchoutage en thalasso, ça devient assez commun. Ceci dit, certains centres, il faut le croire, n’ont pas encore intégré ces nouvelles mœurs à leurs habitudes. C’est ainsi qu’on assiste parfois à des moments cocasses. Le ridicule ne tue pas, bien heureuses soient les masseuses…

C’est ainsi qu’un beau matin de novembre absolument dégueulasse, nous avons pénétré dans la somptueuse Compagnie des Indes pour une journée de détente et de petits soins, loin de la grisaille. Arrivés au comptoir, déjà, Margueritte (nous l’appellerons comme ça) nous observe d’un air circonspect (le mot est très laid mais il veut dire ce qu’il veut dire).
-    Donc vous avez réservé la formule Flair
-    C’est bien ça.
-    Tous les deux.
-    Oui, oui !
-    En même temps…
-    …oui !
-    Han !

Passé cette micro gêne de Margueritte qui n’était, sur le coup, pas très sûre que le programme « Monsieur/Madame » puisse se transformer en « Double croque-monsieur », la dame nous amène au vestiaire pour que nous puissions enfiler nos maillots, nos peignoirs ET nos adorables petites pantoufles blanches en mousse qui semblent dire : « Oh ! Chère amie ! Apportez-moi donc un thé menthe-hibiscus avant ma manucure ! ». Emballés dans nos merveilleux peignoirs, une charmante demoiselle nous conduit à l’espace privatif : sauna, jacuzzi, 4 lits (c’est là que je me suis dit qu’ils n’avaiten pas l’esprit si fermé que ça…) et un petit bar. Je passerai sur la porte du sauna qui ne se ferme pas, le jacuzzi qui mousse (en extérieur, s’il vous plaît, pour une séance de jacu-tempête belge avec vent, pluie et feuilles mortes dans la tronche) et la porte-fenêtre armée d’un morceau de carton sans lequel on se retrouverait enfermé dehors. Un gay étant de bonne composition, nous avons pris sur nous et attendu la suite des soins que nous espérions de meilleure qualité.

Premier massage en duo. La demoiselle nous invite à passer en « cabine » (Messieurs et messieurs, bienvenus à bord de cet appareil pour le vol 617 à destination du Paradis !). La jeune fille, manifestement imperturbable, nous accompagne et, telle une hôtesse de l’air, sculptée par l’habitude, nous énonce les consignes de…sécurité ?
-    Vous pouvez entrer, enlever vois peignoirs et les poser sur le petit porte-manteau à votre gauche (dans un centre de thalasso, tout est « petit », ça fait mieux). Vous pouvez vous allonger chacun sur une table et enlever le haut de votre maillot…
Avant d’enlever le haut de mon maillot (que je n’avais cependant pas mis pour l’occasion), nous jetons une face interrogatrice à Bernadette (oui, voilà, c’est comme ça), qui semble, dans un premier temps, ne pas comprendre notre sourire. Bien vite, elle se reprend :
-    Oh pardon ! Heu…c’est l’habitude, hein. Donc ben…vous pouvez garder votre maillot alors…

Après une séance divine de massage, nous sommes amenés en salle de relaxation. Un petit endroit très cosy, lumières tamisées, banquettes confortables, le tout organisé en trois parties, séparées par des portes ouvertes. Et là, dans la partie 1 (alors que nous sommes à côté, en train de prendre notre petit thé et de manger notre petite truffe), Gilbert (manifestement mal à l’aise) et Jeannine (complètements à l’aise, d’ailleurs, elle précisera qu’elle aurait bien enlevé son maillot…mais Gilbert n’était pas forcément pour…) terminent leur repas. Hé oui, il n’y a pas d’espace privatif pour tout le monde, pas de restaurant, il fallait bien qu’ils mangent quelque part. Deux demoiselles, charmantes mais un peu blondes, réalisent que l’aménagement de fortune est un peu incommodant et décident de venir enlever la table. Et là, c’est la relaxation ultime : vas-y que je te retourne la table dans tout les sens, et vas-y que la table ne passe pas par la porte, et vas-y que je bouscule les vases…tout en finesse et en sourire, bien entendu !
-    Mais comment ça se féééé que ça passe pas !
-    Han ché pas moi, c’est pas moi qui l’a mis, da. (C’était à Gerpines…)
-    * sourire béat aux clients * Ne vous inquiétez pas, on va libérer votre espace dans un instant.
-    Mais oui mais comment veux-tu ?
Après quelques essais infructueux, deux appels à un ami et un 50/50, la table est enfin évacuée et la pièce de relaxation se remet lentement de ses émotions…lorsque soudain, on m’appelle pour mon bain de vapeur et peeling coco…

Un jeune dame (hé oui, encore une, elles sont 28) m’accompagne alors dans la pièce très sombre. Un appareil de torture dans lequel je vais me glisser trône sur un sol de bois. A ses côtés, un siège avec une serviette et…un petit ( !) paquet mystérieux. La dame se tortille les doigts nerveusement avant de commencer son explication.
-    Voilà heu…bon, vous allez enlever votre peignoir…et puis aussi votre maillot…
Comme un bon passager à qui on demanderait de mettre sa ceinture, je m’exécute, faisant fi de la nudité. J’aurais dû attendre…
-    Non, non ! Pas tout suite, attendez, je n’ai pas fini.
-    Au temps pour moi…
-    Quand je serai sortie ( !), vous enlèverez votre maillot et vous allez mettre le…(elle pointe le petit paquet)…le string jetable…
-    Hein ?
-    Oui, dans le petit paquet, c’est un petit string jetable.
-    Ha.
-    Oui.
-    Hmmm.
-    Oui.
-    … ??
-    Alors bon, hein heu…bon, il faut le mettre à l’endroit hein.
-    A l’endroit ?
-    Oui…le grand côté devant…Parce que bon…on a déjà eu des problèmes…alors ben oui forcément, en mettant la ficelle devant ben ça dépasse hein, c’est normal.
-    …Han han…
-    Alors bon, maintenant, si ça dépasse quand même, c’est pas grave, on n’a l’habitude…
-    Ha ben si vous avez l’habitude alors…
C’est ainsi que pour la première fois de ma vie, j’enfilais un string jetable, hautement inconfortable et complètement inesthétique. L’histoire ne dira pas si quoi que ce soit dépassait…

Lentement mais sûrement, la journée se termine. Bien que la rumeur des « deux monsieurs » se répande depuis plusieurs heures, tout le personnel ne nous a pas encore croisé. Mon dernier soin terminé, je pars au vestiaire pour retrouver une allure convenable et attendre mon monsieur, celui-là même qui termine également sa dernière aventure thalasso du jour. Il est raccompagné par Gisèle, un peu gentille, qui ne manque pas de lui dire : « Voilà, vous pouvez aller au vestiaire, Madame ne va pas tarder à vous rejoindre ». Laurent ne manquera pas de lui signaler qu’il va rejoindre un monsieur et Gisèle, de bégayer : « Oh ! Je suis sotte ! Je n’avais pas vu…je…savais pas… ». Le tout ponctué d’un petit rire nerveux et délicat, suivi d’une fuite en bonne et due forme.

A la sortie, quand Margueritte nous a demandé : « Tout s’est bien déroulé…messieurs ? ». Nous avons échangé un regard amusé et, après quelques secondes de réflexion, avons lâché un « oui, très bien » de compassion.

Bref, n’oubliez pas d’enlever le haut de votre maillot quand vous allez en thalasso… !


4 commentaires:

  1. Bonjour, pouvez-vous m'indiquer un centre thalasso 100 % gay merci : loopo187@yahoo.fr

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  2. bj pouvez voux m indiquez des lieu thalasso 100/100 gay et remise en forme puis soin complet du corp epilation et autre merci

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  3. histoire absolument délicieuse, merci :-)

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  4. Oui 😊👌👍
    Très très drôle !!!!

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