mercredi 1 juillet 2009

Mylèèèèèèèèèèèèèèèèène!

Lorsqu’on achète des billets de concert un an avant l’évènement, on a de quoi se réjouir de l’arrivée de la date fatidique. On compte les jours sur le calendrier de la cuisine, on sort tous les CD’s de l’artiste, on étudie les paroles et on se demande quel t-shirt on va mettre (si on est gay). Mais lorsque l’artiste est Mylène Farmer, le concert est bien plus qu’un évènement musical. C’est un périple semé d’embuches, une expédition qui ne s’improvise pas…

Quand on va voir Mylène en concert (oui, je l’appelle Mylène, c’est entre nous…), un fan, un vrai, se doit de prendre un billet en fosse. Et si le mot «fosse» s’associe facilement au mot «lions» ce n’est pas sans raison. Pour avoir la chance de pénétrer sur la vaste plaine du combat et de voir l’artiste plus grande qu’une mangouste moldave (c’est pas très grand), il faut se lever tôt, très tôt. C’est ainsi que les plus acharnés planteront leurs bivouacs la nuit précédent l’apparition de la belle. Personnellement, me plaçant dans la catégorie «fan mais faut pas trop déconner non plus», j’ai choisi d’arriver à 15h sur les lieux du futur presque-crime soit, 6h avant le concert. Armé de sandwiches, boissons, lecteur MP3, Tetris de poche et autre mots croisés, je me sentais fin prêt pour l’interminable attente.

Un concert de Mylène Farmer draine des centaines, des milliers de gays. En arrivant sur place, on remarque vite la démographie particulière de 27 gays au mètre carré, ce qui, sans être dramatique, est quand même beaucoup. Vous avez effectivement 1 chance sur 10 de rencontrer un homo dans la rue. Lors d’un concert de la rousse, vous avez les mêmes chances de croiser un hétéro. Le gay-fan-de-Mylène est très organisé. Il amène sa couverture (parce que les graviers abîment les fesses), son thermos de soupe brûle-graisse, ses boissons énergisantes et son dernier magazine Têtu. Il a mis 3 jours pour décider de ce qu’il allait porter et continue d’angoisser à l’idée d’atterrir sur la scène. Il est 15h15, c’est le moment le plus dur, celui où l’on se dit : « Ah…plus que 6 petites heures … »

Bien vite, on entame la discussion avec nos compagnons de file (qui seront gays, d’ailleurs) en attendant le moindre mouvement. Après 3 heures d’attente, le mouvement a lieu ! Les portes de la salle se sont ouvertes. Le gay-fan-de-Mylène se lève prestement, s’époussette (c’est important) et se recoiffe. Un coup de déo, on replie soigneusement la couverture et, enfin, on s’épanche d’un début d’hystérie collective. Ensuite, c’est un jeu d’enfant : un pas toutes les 10 ou 15 minutes, des sorteurs qui se demandent ce que cette bande de folles fait là, un cri par-ci, un évanouissement par là… la routine.

Quand le gay-fan-de-Mylène arrive devant l’entrée de la salle de concert, il se met à piétiner comme un labrador devant une croquette de bœuf. Dès que son ticket est déchiré, il vérifie que le vilain gars de l’accueil n’a pas complètement défiguré ce qui deviendra un objet de collection. Et là, il court. Court! Court, fan-gay-de-Mylène! Il s’enfonce dans le bâtiment dans un hurlement de plaisir intense, les bras en l’air. «Mylèèèèèèèèèèèèèèène!». Non, pas encore.

Lorsqu’on connaît le terrain de la fosse, on sait que les 2 heures qui précèdent le concert sont cruciales. Une fois sur place, il ne faut pas s’asseoir sous peine d’être sauvagement piétiné par des semelles compensées. Interdiction de quitter sa place pour aller aux toilettes : si tu pars…tu ne reviens pas! Les gens chantent, sifflent, scandent…bref, ils passent le temps comme ils peuvent. A 21h27, le miracle à lieu…les lumières s’éteignent…

Bien vite, on gagne 3 ou 4 mètres d’avancée suite aux évanouissements en masse du premier rang. Là, le temps s’arrête. Le spectacle est grandiose, l’ambiance est folle (!). Le gay-fan-de-Mylène atteint le nirvana, la transe ultime. On danse, on chante, on hurle. Parfois, j’avoue, on a un peu envie de gueuler au public : «laissez-la chanter bordel ». On remarque les motivés du premier rang à la recherche du moindre postillon perdu. Mais dans la liesse suante (mais d’une sueur propre, s’il vous plaît!), on oublie vite les fausses notes de ses voisins, la pression de la foule sur les omoplates, les six heures d’attente et le prix des tickets… C’est beau, c’est bon, c’est grand, c’est waw…

La fin du spectacle sonne, la diva quitte la scène et le public verse de nombreuses larmes. La gay-fan-de-Mylène, manifestement ému, est obligé de quitter les lieux, la mort dans l’âme…non sans se jeter sur les centaines d’articles estampillés «MF», histoire de noyer leur chagrin dans le badge Mylène, dans le parapluie Mylène, dans le pendentif Mylène…ou…dans le gode Mylène. Oui, il faut croire que Mylène connait ses fans…

Avec le sourire aux lobes, on rejoint son chez soi en fredonnant ce qui ressemble à de vieilles comptines. On a dans le cœur une étrange mélancolie, celle qui vous rappelle que c’est déjà fini. Et puis, on se sent comme un gosse, fier et heureux d’avoir pu toucher son idole du regard. Au fond, il doit y avoir en moi une part de gay-fan-de-Mylène qui contribue à rendre ces moments magiques et inoubliables.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire