vendredi 27 février 2009

La tortue qui voulait devenir artiste...

Il y a parfois des ambitions que l’on ne peut ni comprendre, ni imaginer. Des envies qui dépassent l’imaginable et s’envolent vers les frontières de l’insoluble pour finir par se déposer sur un tapis d’accompli. Ca étonne. Ca surprend. Ca attendrit. Bref, ça fait rêver.

Il y a neuf mois de ça, arrivaient dans notre logis deux compagnes aquatiques écaillées de la tête aux pattes : Caroline et Martin. Les tortues, rapidement renommées « les tounes », ponctuent notre quotidien de petits coups de carapace, de bâillements intempestifs, de cache-cache dans les galets et de dos crawlé en maillot et bonnet réglementaires.

Si Martin a toujours fait preuve d’une timidité naturelle et d’une anxiété latente, Caroline, elle, s’est toujours montrée aventurière et franche. Elle n’hésite pas à sortir le cou hors de l’eau pour mâchouiller sa crevette directement du fournisseur ou à frapper le carreau de sa petite patte de toune quand elle est en colère (Martin lui porte parfois un peu sur les nerfs !). Mais le cœur aventureux de notre reptile carapacée portait plus d’envies que nous le pensions.

Ce matin, les yeux brumeux d’une longue nuit de plomb, je salue comme à l’habitude les deux habitantes de l’aquarium. Enfin non…pas comme d’habitude, puisque je n’en salue qu’une seule ! Fichtre ! J’ai beau fouiller l’aquarium de fond en comble (ce qui fut fait rapidement, disons-le !), rien. Caroline avait disparu…

Mais comment une tortue d’eau peut-elle disparaitre, comme ça, sans laisser de trace ?

Les scénarios (ou scénarii, on peut dire les deux) les plus fous ont parcouru mon esprit. Caroline avait échafaudé son plan depuis la dernière épuration d’eau de l’aquarium. Elle savait que le niveau serait plus haut, qu’elle pourrait grimper sur la pompe, passer au-dessus de l’aquarium et descendre en rappel le long du câble électrique. Elle avait alors prévu de se confectionner un parachute au moyen de mouchoirs en papier, de ficelle alimentaire et de scotch (Caroline TouneGyver) pour atterrir en douceur sur le carrelage et partir à l’aventure…mais à l’aventure de quoi ?

Après 20min de recherches infructueuses, nous avons émis l’hypothèse qu’elle pouvait avoir été mangée par Martin, enlevée par des extratortuterrestres ou encore qu’elle avait pris les clés de la voiture et s’en était allée à Paris où elle espérait faire carrière dans le modern Jazz. Nos larmes déjà aux creux des yeux, une illumination: la boîte à partition…

Caroline était là, le nez entre la clé de sol et le fa dièse. Elle avait bravé tous les dangers jusqu’au piano. L’âme musicienne, elle avait voulu, à son tour, pianoter quelques mélodies et laisser s’exprimer son talent. N’ayant pas son kit d’escalade, elle a dû se rendre à l’évidence de cet Everest et aura saupoudré ses restes de rêve sur les doubles croches d’une Sonate au clair de lune.

Rétablie dans ses appartements originels, elle a dévoré un petit repas bien mérité et s’est ensuite laissée porter par la plante artificielle, dans un sommeil réparateur. Le cou dans la carapace, on voyait de petites bulles s’échapper et laisser éclater à la surface les bouts de songe d’une tortue qui voulait devenir artiste



3 commentaires:

  1. Sérieux ???

    Mais elle a dû faire une chute monumentale !

    Elle préférait l'eau sale, c'est sûr !

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  2. Tout ce qu'il y a de plus sérieux!
    On a des tounes cascadeuses!

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  3. Après TORTUE NINJA.... TOUNE JONES !!! ta ta ta ta... ta ta ta...

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