On traîne, on souffle, on soupire. On lève la tête au ciel et on demande : « pourquoi ? Mais pourquoi ? ». On baisse les yeux, on marche plus vite pour sentir le vent, pour sentir la vie. On traverse au rouge, on marche au bord des trottoirs. Parfois, on s’arrête, quelques instants. Des pensées s’entremêlent, s’effondrent et disparaissent. On souffle. On soupire.
Moi je veux plus. Plus loin, plus haut. Je veux plus, plus fort, plus grand. Je veux vibrer de long en large, me sentir exploser comme un oreiller, me voir éparpillé en millier de plumes, blanches et légères. Je veux m’évanouir en poussière d’étoiles, parcourir l’univers, me brûler des soleils et m’endormir sur la lune. Moi je veux plus. Bondir très haut, toujours plus haut. Quitter la terre et toucher les nuages, chatouiller les anges par les orteils et me moquer des albatros. Je veux courir, vite, très vite. Je veux dépasser les voitures sous les regards atterrés des conducteurs. Encore plus vite, traverser les frontières et voir le monde se ralentir, s’arrêter bientôt. Je veux sentir mon corps se fondre dans la lumière et avec elle, m’évaporer dans l’éther. Moi je veux plus, plus fort. Mes phalanges sur le piano, le bois qui éclate. Je veux jouer toutes les mélodies et que les mélodies se jouent de moi. Je veux m’enrober de croches et de dièses, être une cantate ou une nocturne, une sonate ou un prélude.
Et pendant ce temps, sur le bitume, on entend les pas des inconnus qui grattent le présent pour un morceau de futur, une bribe de passé. On subit l’aujourd’hui pour moins penser au demain. On veut le bonheur mais on en a peur. On se cherche, on se trouve parfois. Mais sans résultat. On traîne les pieds d’un crépuscule à l’autre, on se vide, on se conforte. Confort de ceci, confort de cela. On s’enrobe d’aventures indésirables, on piétine, on râle, on klaxonne. Comme on peut, on y met de la musique et des sons et l’on oublie. On s’oublie. Pour préserver, pour rester bon et humble. Pour aller au paradis, peut-être. On oublie. On s’oublie.
Mais je veux plus. Je veux parcourir le monde en marchant sur les mains. Et si l’on me demande pourquoi, juste répondre : « comme ça… ! ». Je veux voir le bleu des mers, l’ocre des déserts. Je veux courir dans les rues de New-York, la pluie massacrante, le Times sur la tête. Je veux gravir l’Himalaya, souffler de bonheur en touchant le sommet et m’écrier : « et c’est tout ? ». Je veux me réveiller dans un champ de coquelicot, respirer le matin, rêver du champ prochain. Plus haut, plus loin. Pleurer mille océans, n’en regretter aucun. Dériver, chavirer, me relever. Je veux des tsunamis et des tremblements de terre. Plus fort, encore. Que mon cœur s’emballe et chamade, que mon corps tressaille et se perde, que mon esprit s’embrume et mes yeux pétillent.
J’ai décroché les pieds de l’asphalte, débranché mon réveil et catapulté mon portable. Et j’ai crié du cœur, cette envie de plus haut, de plus fort. Et de surprise, et d’imprévu. Et de partage, et d’inconnu. Et de rencontres, et d’impromptu. J’ai laissé tomber les règles et les lois, laissé derrière ce qui me fissure. Et j’ai crié du cœur comme on crie d’un naufrage, aux vagues et aux cieux. Car il faut parfois savoir s’élancer, confiant du vide, comme un nuage de plumes, comme un parfum de mai, comme un vague à l’âme. Il faut parfois pouvoir se dire nos larmes. Il faut parfois fermer les yeux, fermer très fort, et regarder ensuite le ciel pour y apercevoir sa bulle d’espoir.
Serait-il grand temps de rallumer les étoiles ?
lundi 6 avril 2009
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Ah ben dis donc que d'émotions, c'est le bordel là dedans... je suis bouche B Sophie
RépondreSupprimertout en démesure,tout en folie...et pourquoi t'es fou comme ça?...comme ça...parce que ça me fait plaisir...et pourquoi tu fais ça? parce que...j'en ai envie,ça me plait d'exploser d'extase.
RépondreSupprimermerci d'explorer les méandres passionnels de l'excés...de les décrire.
...
RépondreSupprimerCertaines choses se passent de commentaire, si ce n'est pour dire merci. Alors merci pour ce billet.