vendredi 10 juillet 2015
Opération « 3 kg avant qu'il ne soit trop tard » - La stratégie
En fait, le régime, c’est une véritable question de stratégie. Il faut ruser pour tromper l’ennemi. Et dans ce cas précis, l’ennemi, c’est soi-même, sa faim de bonnes choses, sa soif de breuvages interdits. Le combat infernal de l’homme contre sa gourmandise.
Quand on est soumis aux mille tentations qui remplissent quotidiennement les journées, on est bien obligé de trouver de petites astuces pour survivre sans risquer de faire une crise de catatonie à chaque fois qu’il y a des Grills® à l’apéro.
Ainsi, lorsque l’on débouche une bouteille de vin et que le son particulier du bouchon qui explose vous fait frémir, il faut dire : « non, merci, pas pour moi, je vais prendre une eau pétillante, car je conduis ». On pensera cependant : « j’ai un filet de bave qui coule le long des lèvres tellement j’en ai envie, mais comme j’ai eu la grande idée de commencer une saloperie de régime, je dois sourire comme un con et boire de la flotte ». Pour adoucir sa frustration, on demandera à ce que l’eau pétillante soit servie dans un verre à vin. Pour faire « comme si ». Comme si on était grand et qu’on avait le droit de boire du vin. Comme si on était complètement détendu et déterminé. Comme si on n’avait pas envie d’attraper la bouteille par le goulot et de se la vider sur le visage.
Et les chips me direz-vous ? Il faut se jeter frénétiquement sur les tomates cerises, le chou-fleur (sans mayo, tout sec, qui arrache presque la langue), les bâtonnets de carottes. Et si votre hôte n’a pas eu la grande idée de prévoir la petite touche light, vous avez le droit de vous faire les ongles sur le canapé, d’aller crier dans un oreiller ou de dérouler tout le P.Q. dans les toilettes en guise de vengeance.
Une autre stratégie, c’est celle des quantités. « Nan, mais si j’en prends qu’un tout petit bout, genre minuscule, mon corps s’en rendra même pas compte. Hein ? ». On se met alors à calculer de manière névrotique l’implication calorique du moindre chips (oui, moi je dis « un chips »), de la plus petite olive, du misérable TUC®, de la cuillère de gratin dauphinois (en ayant bien gratté la croûte de fromage gratiné par-dessus) et du Chokotoff® qui sera servi avec le café. « C’est juste pour avoir le goût ». On attrape l’aliment du bout des doigts, satisfait d’être parvenu à tromper sa logique. On fait systématiquement la belle grimace du gamin de 8 ans qui reçoit son cadeau de Noël. À peine l’aliment a-t-il touché les papilles qu’il a déjà disparu ! Le salaud ! Là, c’est la déconfiture. On passe à la grimace du gamin de 8 ans qui a ouvert son cadeau et qui découvre qu’il s’agit de pantoufles Angry Birds alors qu’il voulait la Playstation 4. Tout s’est déroulé si vite. On passe encore la langue sur les lèvres pour capter les dernières saveurs et on regrette un peu de se faire autant de mal.
Faites gaffe ! Il est fort probable que votre cerveau gourmand tente ensuite de vous avoir, de vous attaquer par le flanc, en traitre. Par exemple, via une mignardise innocemment présentée en fin de repas, alors que vous avez baissé la garde après des heures de retenue. Ou encore avec une andouille de collègue qui est dans sa phase « je suis célibataire et malheureuse alors je fais des pâtisseries pour oublier et je les amène au boulot ». Collègue qui vous présentera un panier plein de macarons. Des macarons qui, dans votre imagination d’affamé, se dotent de petits bras minuscules et de sourires de dessins animés en vous criant : « Prends-moi ! Mange-moi ! Dévore-moi ! ».
En cette période estivale de barbecue, il n’y a pas trente-six solutions. Votre place stratégique sera celle où les plats circulent le moins bien. Mais si, bien sûr. Cet endroit on vous tentez, chaque soirée barbec’, de ne pas vous placer, car on y trouve que les tomates et les concombres alors que les viandes grasses, la salade de pâtes mayo et les patates semblent vous échapper à l’autre bout de la table. Laissez faire le destin et engloutissez du légume. Jetez-vous également sur toutes les viandes un peu carbonisées, dépourvues de gras. C’est dégueulasse, mais c’est bon pour votre conscience.
Une autre technique que j’ai essayé c’est la fuite caféine. Quand l’envie est trop importante, que les gens autour de moi s’empiffrent de vilaines choses, que j’ai presque envie de baisser les bras et de chanter l’hymne du gras, je me fais un café. Noir. Amer. Puis un deuxième. Puis encore un autre. Jusqu’à ce que je termine la journée en mode simulation Parkinson et que je profite de mon insomnie agitée pour me féliciter de n’avoir pas commandé une pizza lors du repas de midi.
Faute avouée étant à moitié pardonnée, j’étale mon craquage du week-end dernier pour un tiramisu aux fruits rouges qui a provoqué une forme d’orgasme démesuré que j’ai dû contenir malgré moi. Il se pourrait qu’une olive verte et un bout de fromage se soient perdus dans mon gosier… mais bon. C’est tout petit. Je suis sûr que mon corps ne s’en est même pas rendu compte. Hum.
Quand après 10 jours de combat vous annoncez fièrement à un ami que vous avez observé une diminution de 2000 grammes sur la balance (toujours compter en grammes, c’est bon pour la motivation), il vous réplique : « Ouais, mais avec la chaleur, à tous les coups, la moitié c’est de l’eau ». Comme vous êtes d’une civilité sans pareille, vous résistez à l’envie de lui mettre une tarte (hmmm une tarte…), vous respirez un grand coup et vous continuez votre chemin…
… votre chemin vers… la salle de sport… !
Affaire à suivre…
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