Posséder un iPhone, c'est développer toute une série de réflexes, pour la plupart inutiles, qui commencent tous par le même geste: attraper le téléphone. Par exemple, le réflexe d'ouvrir l'application 7sur7 pour vérifier si une dame de Marcinelle n'a pas trouvé, capturé et nourri un scorpion sauvage (en opposition aux scorpions apprivoisés vendus sur le marché de Jumet). Ou encore, celui de regarder la météo à Melbourne alors qu'on n'a pas la moindre intention d'aller en Australie mais juste pour avoir l'occasion de dire "Ha là-bas au moins il fait bon!". Je ne parle même pas des réflexes Facebook, e-mail, Twitter et autre Foursquare qui nous rendent la vie plus belle lorsque l'on est aux toilettes ("Jonathan a effectué un check à 'Toilettes de La vie est belge de Mons', le classe).
Etre dépossédé de son iPhone, c'est devoir réapprendre toute une série de gestes simples mais devenus désuets. Des gestes qui devraient remplacer celui qui, chez moi, consiste à mettre ma main dans la poche et à sortir mon portable. Par exemple, chercher une recette dans un livre de cuisine qui n'a pas la taille d'une biscotte; regarder un plan de métro en pouvant distinguer plus de 4 stations en même temps; lire le programme TV en se disant qu'on va pouvoir faire des mots croisés à la fin et lire la page BD du Petit Spirou; regarder quelle heure il est là où on se trouve sans avoir besoin de savoir quelle heure il est dans 5 autres villes dans le monde; prendre des photos avec... un appareil photos; aller faire ses courses au Carrefour sans avoir besoin de "checker" sa position et d'informer ses 235 amis Facebook qu'on y est; et pour finir, pouvoir aller au restaurant sans prendre une photo de ses plats et les mettre sur Instagram. Bref, il faut passer par une phase de déconstruction mentale intense, douloureuse et très, très perturbante!
Ce matin, j'ai saisi mon téléphone et je lui ai dit: "Envoie un SMS à Michela". Et vous savez quoi? Il n'a absolument pas réagi! RIEN! Pas le moindre bruit, pas la moindre petite illumination. J'ai regardé l'appareil en ne comprenant pas pourquoi il ne me répondait pas: "Que voulez-vous écrire à Michela?". L'Ancêtre restait muet comme une carpe (ou comme une tombe, ça dépend de l'état d'esprit. Parce que aujourd'hui, j'ai été voir "Le magasin des suicides" au cinéma et franchement, je me disais que... heu, pardon, ça n'a rien à voir...). Hé ben non, un Sony Ericsson W595s, ça ne répond pas quand on lui parle. C'est comme ça. Je dois m'y faire. Et vous aussi. Merde à la fin.
Parfois, des amis me regardent tristement, apitoyés par ma détresse. Alors, ils mettent la main sur mon épaule et me tendent leur iPhone en me disant: "Tiens, tu peux l'avoir un peu". Après avoir dépassé la phase où je me sens comme un enfant de 8 ans à qui on accepte de prêter la télécommande d'une voiture téléguidée, j'accepte le présent et me prends une bouffée d'air salutaire. C'était le cas ce soir lorsque Isabelle m'a tendu son précieux. Mes pouces affolés ont rapidement retrouvé les chemins des applications et mon cerveau est repassé du mode T9 au mode "touch-and-play" en quelques secondes. Pris dans une sorte de délire psychotique, je ne me suis pas rendu compte que j'étais en train de faire un check sur Foursquare dans le restaurant où nous avons dîné, avec, en prime, une photo et un partage automatique sur Facebook. Tout ceci sur un compte qui... n'était pas le mien. Le réflexe de la honte est également tout à fait intact, je vous rassure.
Pris d'une féroce détermination, j'ai repoussé les limites de mon Ancêtre! Je suis parvenu à publier un statut sur Facebook. Une prouesse technologique hors du commun! J'ai d'ailleurs été immédiatement contacté par Sony Ericsson qui pense peut-être pouvoir utiliser mes services. Et comme pour faire hommage à de bon vieux réflexes, j'ai évidemment publié un statut... qui ne servait vraiment à rien...
Et demain est un autre jour...
... sans mon iPhone...!
dimanche 14 octobre 2012
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