Quand on est privé de son iPhone, il est indispensable de se munir d'un succédané. Histoire de vivre le sevrage à fond, j'ai cherché de douces et délicates alternatives.
J'avais retrouvé un vieux Tetris électronique avec un magnifique écran monochrome, version de luxe puisque l'appareil est en forme de vaisseau spatial! Un must qui m'a suivi dans tous mes déménagements depuis 15 ans et qui me fait frémir de sa musique polyphonique à 8 notes. Après avoir abattu l'équivalent d'une centaine de murs (ce qui n'est pas du tout évident quand on s'est chopé 3 ampoules au pouce pour cause de textage intensif sur Ancêtre), la lassitude s'est rapidement installée. Il me fallait autre chose.
J'ai alors retrouvé un vieil agenda électronique (qui faisait aussi GPS, répertoire, carnet de note et calculatrice). Le genre d'appareil qui fonctionne avec un stylet, qui est capable d'afficher 256 couleurs (quand tout va bien) et qui vous demande de confirmer la moindre action que vous tentez d'effectuer.
"Etes-vous sur de vouloir allumer l'appareil?". OK! "Oui mais sûr, sûr?". OK! "Vous savez que ça va décharger la batterie, n'est-ce pas?". CANCEL.
C'est alors que je me suis lancé dans la lecture d'un bouquin. Quand j'ai posé mon doigt sur un mot que je ne connaissais pas, il ne s'est rien passé! J'attendais qu'un menu contextuel s'ouvre, que je puisse copier le mot pour ensuite le coller dans l'application "Dictionnaire" et en trouver facilement la définition. Mais non. Rien. Un silence. Au vu de ma dernière exploration d'un dictionnaire et des conséquences infructueuses qui s'en sont suivies (cf. chronique du jour 11), j'ai abandonné la lecture. Et j'ai craqué. J'ai été chercher mon iPad.
L'iPad est une machine extraordinaire mais moins que l'iPhone. Il a un grand écran tactile et de belles icônes d'applications mais il est amputé de toute une série de caractéristiques qui font de l'iPhone un objet d'addiction. L'iPad ne téléphone pas, il n'envoie pas de sms, il ne peut pas prendre de belles photos (il prend uniquement des photos moches, hé oui, c'est comme ça) mais surtout il ne tient pas dans la poche! Car à moins d'adopter le style salopette-bobo-chicos dans un genre complètement écolo-classe, agrémenté de bottes en caoutchouc avec des coccinelles et d'un couvre-chef de type "Bob", il vous sera impossible de profiter d'une spacieuse poche kangourou pour y placer l'objet. Ceci dit, certains adeptes fanatiques n'hésitent pas à l'emporter partout, parfois porté en bandoulière, et à l'utiliser sans vergogne comme un appareil photo. Moi, ce que j'aime, c'est de voir un tout petit japonais prendre une photo avec son grand iPad. Savoureux.
Ceci dit, je retrouvais avec un certain plaisir les sensations précieuses du glissé de doigts sur la surface en verre! Sauf que... mon iPad à moi, il est cassé. Une histoire malheureuse qui, en plus de fendre une bonne partie de la vitre de l'objet, m'a également fendu le coeur. J'étais en colloque à Los Angeles (ça, c'est le passage où je crâne un peu) et je sortais de ma chambre du Hilton (je continue de crâner ouvertement, oui!) pour me diriger vers le lieu d'une conférence. A mon épaule, un splendide sac en tissu recyclé mal teinté, offert comme cadeau d'accueil à la conférence, contenant diverses choses sans importance et mon iPad. Alors que j'allais entrer dans l'ascenseur, me voilà sauvagement bousculé par une sorte de petit américain obèse, vêtu d'un t-shirt exhibant les fesses de Bart Simpson. L'individu (1m12 environs, 9 ans, rasé de près, la mine patibulaire, le regard assassin) a initié ce qui a semblé être un pas de course, juste le temps de me démonter la hanche et de faire tomber mon sac. Et c'est là que l'on se mange la loi de Murphy pile dans les dents de devant: Le sac aurait pu tomber dans le couloir et s'écraser sur la tapis duveteux; il aurait pu s'effondrer dans l'ascenseur et se déposer délicatement sur le vinyle un peu mou; mais non, il aura fallu que ce mini Oncle Sam boursouflé provoque la chute juste à l'endroit de l'arrête métallique qui forme la jonction entre le couloir et l'ascenseur. Le bruit qui s'en suivi ma remué les trips. J'ai à peine eu le temps de voir le bonhomme ralentir dans sa course et disparaître à l'angle d'un couloir. A l'heure où j'écris ces lignes, il court toujours, impuni. Et mon iPad, il est toujours cassé.
Dans l'attente insoutenable, mon ami l'iPad m'a néanmoins permis de branler quelques pigeons (cf. chronique du jour 10), de retrouver quelques données relatives à mon agenda (dont une réunion d'il y a 4 jours à laquelle je n'ai pas assisté. Ca, c'est fait.), de voir que mon compte en banque ne me permettait pas d'envisager l'achat d'un iPhone 5 (idée saugrenue qui, en ces temps de disette, m'avait vaguement traversé l'esprit) et de regarder sur Youtube les vidéos de pauvres bougres qui partagent leur détresse car, eux aussi, ils souffrent de la perte d'un iPhone.
L'iPad me rappelant trop le douloureux souvenir de l'absence, je l'ai abandonné à son triste sort. Je me suis planté devant la télé et me suis mis à avoir envie de retrouver un Nokia 3310 rien que pour pouvoir jouer au serpent et oublier la misère qui s'abat sur moi.
Il me manque.
Mon iPhone.
mardi 23 octobre 2012
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