On trouve d’abord Eric, le moqueur sans scrupule. Celui-là, il n’a peur de rien. Une seule ambition : se retrouver dans la chronique quotidienne. Il n’hésite pas et il en balance jusqu’à plus soif (et dieu sait si on avait soif!). Il a notamment jugé bon de me réapprendre à utiliser un livre, un vrai, avec des pages en papier et de l’encre dessus. Dans un discours plein de pédagogie, il a abordé le concept des pages recto-verso (prenant soin de me préciser que si je retourne mon iPhone (celui que je n'ai pas), il n’y a rien d’écrit derrière et que c’est vraiment trop nul), la manière de tourner une page pour accéder à une autre, le bonheur d’une lecture saine, loin de la technologie. Il a fini en éclatant de rire sur cette déclaration : « John, c’est le seul gars qui va décrocher son bouquin quand il entendra une sonnerie ». Mouarf!
Ensuite, il y a Guillaume, le moqueur incertain. Guillaume, il titille, il provoque gentiment, mais on remarque dans ses yeux le doute immense. Celui-là qui oscille entre le « et si moi aussi, un jour, je n’avais plus d’iPhone, il finira bien par se venger? » et le « et s’il me maudissait sur 17 générations pour mon effronterie? ». Le moqueur incertain finit toujours par craquer et par prêter son iPhone.
Il y a aussi Audrey, l’aimable gaffeuse. Audrey est capable de me demander 4 fois sur une soirée, en toute innocence et avec un sourire sincère, si je ne peux pas « vérifier sur mon iPhone » en finissant sa phrase d’un air contrit et honteux par « Oh pardon ». Et moi de taper du poing : « Mais j’ai plus d’iPhonheuuuuu!! ».
On compte encore l’indifférente déclarée. Elle ne comprend pas pourquoi on fait autant de simagrées : elle n’a pas d’iPhone, elle se porte très bien, alors maintenant ça suffit. Elle jette un regard complètement flegmatique sur mon état de larve techno-maniaque en s’inquiétant plutôt de savoir si elle prendra un mojito ou une sangria.
Enfin, on se confronte au sympathique innocent. Celui-là, il ne comprend absolument pas pourquoi les autres me torturent, il ne trouve pas les vannes du moqueur sans scrupule très drôles, il ne sait pas pourquoi l’aimable gaffeuse s’excuse à chaque fois qu’elle prononce le mot « iPhone » et, d’ailleurs, il se demande même un peu ce qu’il fait là. Lui, il continue à manger des boulettes et des toasts aux rillettes et moi, je continue de le détester parce que, bien évidemment, lui, il a un iPhone.
Ceci dit, toute cette belle équipée ne pourra qu’admettre que, avoir un iPhone, c’est quand même super utile durant ce genre de soirée. Car si Guillaume n’avait pas eu d’iPhone, nous n’aurions pas su que :
- Rocco Siffredi a tourné dans plus de 470 films et a un pénis non-circoncis de 25cm en érection ;
- dans le judaïsme, la fellation est autorisée entre homme et femme mais pas entre hommes (d’ailleurs, entre hommes, rien de sexuel n’est autorisé sous peine de croupir au 7ème étage de l’enfer qui doit ressembler à une immense boite gay remplie de dépravés);
- Steven Spielberg a réalisé un film appelé « Duel » en 1971 qui met en scène un camion tueur (du coup, j’ai décidé de ressortir le script de ma série télévisée sur une tondeuse maudite… sait-on jamais…);
- la marmotte dans le film « Un jour sans fin » avec Bill Murray s’appelle Phil;
- les Diables rouges (je pense que c’est une équipe de football) ont gagné contre l’Ecosse (je pense que c’est une région du Royaume-Uni) 2-.
Avouez quand même que l’on serait passé à côté de tout un pan essentiel de la culture moderne.
Dans toute la fierté de mon 7ème jour de survie, j’ai quand même été pris d’un moment de honte. Lorsque Guillaume m’a mis son joujou entre les mains, j’ai prestement composé un code de déverrouillage. « Code incorrect ». Machinalement, je recompose et recompose encore… Vous pensez que c’est mon code que j’étais en train de composer? Erreur! Je composais le code de l’iPhone… de mon amie Isabelle qui, elle aussi, prise de pitié, m’a prêté son iPhone à plusieurs reprises.
Du coup, on m’a demandé, en me fixant comme on fixerait un psychopathe armé d’un parpaing (car moi je suis le genre de psychopathe qui œuvrerait avec un parpaing), si je connaissais les codes de beaucoup de mes amis.
J’ai dit : « Non, bien sûr ».
J’ai pensé : « Oui, beaucoup trop ».
J’ai attrapé la peluche/marionnette raton-laveur de Guillaume (qui s’appelle Oliver) et je lui ai confié tous mes malheurs. Je n’ai plus d’iPhone et Oliver n’en a absolument rien à cirer.
Tout se barre.
Même mon iPhone.
470 films!!!! Waouw, il doit plus avoir bcp d'énergie pour la maison celui-là...
RépondreSupprimerDésolée John, j'ai pas d'Iphone......... :-(